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Эпоха наполеоновских
войн |
ПРУССИЯ / PRUSSIA
par
Nicolas REMY - Kriegspiel Rhones Alpes Club
L’ARMEE PRUSSIENNE DE 1789 A 1815
Avant
propos
La présentation qui va
suivre se veut la plus complête possible. Elle a pour but de résumer toutes les
informations que j’ai pu avoir à ma disposition. Elle est aussi destinée à
présenter l’esprit qui régnait aussi bien dans l’armée que dans le pays durant
cette époque
De même, il s’agit
d’essayer d’indiquer, en particulier aux joueurs de kriegspiels, les évolutions
qui étaient réellement éffectuées même si la théorie indiquait d’autre choses
(celle-ci sera cependant montrée).
Dans cet essai,
j’essaierai de montrer aussi l’importance de la ligne de front tenue et montrée
par une unité militaire. Cette chose est fondamentale, car elle va déterminer
l’effet visuel de celle-ci sur ses ennemis ainsi que le terrain qu’elle va
occuper.
J’espère qu’il vous
satisfera et permettra d’approfondir vos connaissances sur l’état qui fondera
l’empire allemand en 1871 dans le château de Versailles
Enfin, voici un
avertissement valable pour tous les lecteurs. Comme je pense que cette
présentation peut être ressentie comme un "bourrage de crâne", une
assimilation lente sera nécessaire. Veuillez accepter mes excuses par avance. Pour
terminer, la première partie me semble devoir être lue avant la seconde même si
cela vous semble peu passionnant, car la situation de la Prusse avant 1807
explique en grande partie son évolution ultérieure.
Introduction
générale
La Prusse de 1789 est une
monarchie autocratique dont le roi, Frédéric-Guillaume II, est le neveu de
Frédéric II. Il supportait trés mal la comparaison à tous les points de vue. Son
fils, Frédéric-Guillaume III, lui succéde en 1797 (c’est le vaincu d’Iéna ).Ce
dernier était un roi très hésitant, assez triste, dominé par sa femme (encore
un !) , la trés célèbre reine Louise.
L’armée prussienne est une
institution particulière dans ce pays, qui vit dans le souvenir de celui qui
lui a permis de rentrer dans le cercle des grandes nations, Frédéric II. Tout
son système est basé sur une imbrication importante avec la société civile, ce
qui faisait dire à certain que "c’est une armée qui a un pays et non un
pays qui a une armée". Mais après les riches heures frédériciennes, elle
s’était endormie sur ses lauriers à l’exception de l’artillerie à cheval
Avec la destruction morale
due aux défaites de l’année 1806, l’armée va se réformer ainsi que l’état pour
laisser un esprit prussien qui va durer jusqu’en 1917 (date des mutineries
militaires, certes moins importantes que du côté français, mais qui vont amener
le renversement de la monarchie impériale en 1918 et la guerre civile qui va
suivre).
La présentation qui va
suivre sera faite en deux parties avec pour charnière la période 1806-1807. On
verra d’abord l’organisation, le règlement en vigueur depuis 1788 et son
évolution de 1797. Ensuite , nous étudierons les transformations suite aux
obligations du Traité de Tilsitt, confirmées par celui de Paris dans
l’organisation et dans le règlement, mais après avoir étudié si la Révolution
que la légende présente est bien réelle.
I)L’armée
prussienne avant la Katastrophe de 1806
Introduction
Un Kriegsoberkollegium
dirige l’armée royale. Il est officiellement présidé parle roi, mais le réel
chef est depuis la fin des années du règne de Frédéric II le général von
Saldern. Ce cabinet est important car il est censé réflechir sur toutes les
questions touchant le règlement, la paie, l’équipement des forces militaires. Il
se révèle très conservateur et impose en 1788 et en 1797 des changements de
règlements militaires peu modernistes voir réactionnaires.
Comme toutes les armées
de l’époque (France révolutionnaire exceptée), la puissance militaire
prussienne est dominée par l’aristocratie, avec l’exception habituelle des
armes techniques que sont l’artillerie et le génie. Elle est aussi règlée par
le système de la Commission. Cela signifie que l’on achète son grade et
que l’on possède physiquement tant les soldats que les équipements. De plus,
pour pouvoir être promu, il faut que les plus anciens de même grade aient
renoncé et que l’on dispose des moyens financiers pour l’acheter ! Cela
provoque outre une promotion difficile et donc un vieillissement des officiers
supérieurs, des particularismes qui aujourd’hui nous semblent bizarre: Des
officiers pas encore nés, adolescents, trés agés ou ne voyant jamais leur
troupes sont une chose courante. Enfin, comme les régiments sont des propriétés
privées, chaque promotion doit avoir l’aval du propriétaire. Seules les armes
techniques sont exclues de se système, car appartenant au Roi .
Il existe une
particularité dans cette armée. Elle concerne la tenue des troupes. Contrairement
à une légende bien établie, la discipline régne aux niveaux subalternes
(jusqu’aux grades de capitaine) car il y règne un esprit de très haut niveau. La
preuve est la rareté des sanctions physiques. L’ exemple relatif du premier
bataillon du 25e régiment ( du Roi) : 25 punitions pour 650 hommes entre
septembre 1805 et janvier 1806.
Par contre aux niveaux
supérieurs, on discute, analyse souvent pour ne pas dire systématiquement les
ordres. S’ ils sont jugés "non intèlligents", il n’est pas
exceptionnel de voir une autre consigne appliquée. De plus, on se dispute
souvent les unités en campagne. Enfin, l’arrogance vis à vis des subordonnés
est un fait courant.
Le recrutement se fait
comme dans toutes les armées de l’époque, à l’exception des armées britannique
et russe. C’est à dire qu’à côté des recrues conscrits, il y a des racolés,
mais surtout des volontaires. Les premiers doivent un service de 20 ans à
l’état. En fait, ils ne passent que la première année, puis effectuent un mois
chaque année dans l’armée pendant 19 ans. Cependant, le système du
remplacement-- méthode qui consiste à payer quelqu’un pour qu’il effectue cette
charge à votre place-- fait que l’inégalité sociale est flagrante.
Cependant, le problème
le plus grave de l’armée prussienne est l’âge de ses généraux. La moyenne
tourne autour de 65 ans voire 70 ans. Or, comme ils ont tous combattu avec le
Grand Frédéric, ils s’estiment invincible et ne veulent ni évoluer ni laisser
leur place
Nous présenterons
d’abord l’armée prussienne dans chacune de ses composantes au niveau de
l’organisation, de la manoeuvre avant la réforme de 1797, puis nous indiquerons
les évolutions qui ont été instituées après cette date pour chaque arme. Enfin,
nous montrerons comment l’armée évolue lorsqu’elle est en campagne
1)
L’armée avant 1797
Son organisation date de 1759.Elle se compose
de trois armes:
L’infanterie qui est l’arme principale
La
cavalerie qui est l’arme la plus noble
L’artillerie
Nous allons
présenter maintenant chaque arme dans sa tactique, son esprit et son
équipement. Il me faut ici définir des termes qui vont revenir souvent et dont
la compréhension est nécessaire pour l’assimilation de ce qui va suivre:
+Rang :Disposition de personnes côte à côte
sur une seule ligne. Un soldat à pied est sensé prendre une place de 0,55 m, un
cavalier environ 1, 10m (en effet, c’est le double aux arrondis près). Attention,
si les cavaliers sont genoux contre genoux, la distance entre les hommes est
identique aux piétons. Il ne faut pas oublier qu’il existe un cheval !
+File : Suite de personnes placées l’une
derrière l’autre sur une seule ligne. Un piéton prend 0,5m plus un espace de 1m
entre les deux premiers rangs. Entre les deuxième et troisième rangs, l’écart
passe à 2m. Pour la cavalerie, le soldat prend dix mètres et un écart entre
chaque rang de 2m est pratiqué (même s’il y a un trois).
11)L’infanterie
C’est
l"arme de base de l’armée prussienne. Elle a été formée par
Frédéric I et modelée par son fils, Frédéric le Grand. Elle se compose de cinq
éléments:
1) La Garde,
composée de deux régiments à 2 bataillons
2) Les Grenadiers,
ou fantassins d‘élite qui forment un bataillon de 4 compagnies par régiment
3) Les Mousquetaires,
ou fantassins de base, qui forment 52 régiments en 1789, 54 en 1794, 55 en
1797.
4) Les Fusiliers ,
ou fantassins légers. Il y a 20 bataillons en 1789, 24 en 1797.Ces unités ne
sont devenus réellement légers que lorsque leur spécificité sera reconnue,
c’est à dire en 1787! Avant ils étaient considérés comme des fantassins de
deuxième zone.
5) Les Jagern zu Fuss et
Schützen, qui sont des légers équipés d’une carabine à canon rayé.
111) La structure de l’infanterie
a)
L’infanterie de ligne
Dans cette composition, les
trois premiers éléments de l’infanterie seront compris.
Il se compose depuis le
premier juin 1787 de 2 bataillons de Mousquetaires , et sauf dans la Garde,
d’un bataillon de dépôt (à porter à effectif complet en cas de conflit, c’est à
dire multiplier par quatre le nombre d’hommes, depuis le décret royal du 5
janvier 1796) et un bataillon de Grenadiers. Chaque unité se compose de 4 ( six
pour la Garde) compagnies qui s’articulent en 2 pelotons de 2 sections.
Note : Il est intéressant de savoir que
chaque section, peloton, compagnie (exception faite du bataillon de dépôt) se
numérote et se range en fonction de l’ancienneté de son chef à son poste. Cela
entraîne un changement d’organisation dans la subdivision supérieure dès
qu’officier change ( exemple : un enseigne devient sous-lieutenant, sa section
devient la derniére du peloton et se place à gauche de celui-ci) !
Le régiment est commandé
par le Colonel-propriétaire, qui est rarement présent. La réelle direction est
entre les mains du Lieutenant-colonel. Il est accompagné, outre son aide de
camp, de 6 hautbois, d’un tambour et dispose directement de 20 sapeurs
Chaque bataillon est
commandé par un Major qui se trouve au milieu avec ses 2 drapeaux )identiques (
Il semble que les Grenadiers n’en disposent pas). Cependant, leur dessin change
en fonction de la place de l’unité dans le régiment. Ceux-ci sont portés par
des Enseignes (premier grade d’officier). En sus, le premier bataillon de
Mousquetaires et celui de Grenadier disposent chacun d’un canon de 6 livres. Chaque
canon est manoeuvré par 1 sous-officier , 4 artilleurs plus 4 hommes fourni par
l’infanterie. Pour lui, il y un équipage de train et de ravitaillement composé
d’ 1 sous-officier et 11 hommes
Chaque compagnie est
commandée par un capitaine, aidé d’un lieutenant et de deux sous lieutenants. Elle
se constitue en plus avec 12 sous-officiers, 3 tambours et 140 soldats rangés
sur 3 rangs et 40 (Mousquetaires) ou 50 (Grenadiers) files. En sus, s’ajoutent
12 Schützen dont 2 sous-officiers( pour leur rôle voir la manoeuve des
tirailleurs). Le schéma n°1 en montre l’organisation. La différence des nombres
de files provient d’un rangement différnt des sous-officiers : Ils forment une
file chacun avec en plus un placement différent des sous-officiers non rangés!
Cela représente au niveau
bataillon, hors artillerie, 22 officiers, 60 sous-officiers, 14 tambours, 1
clairon, 50 Schützen, 600 soldats pour un bataillon de Mousquetaires. Ils se
rangent sur 3 rangs et 160 files(environ 90 mètres). Pour les Grenadiers, on
compte 18 officiers, 56 sous-officiers, 11 tambours, 1 clairon, 6 fifres, 50
Schützen, 600 Grenadiers rangés sur 3 rangs et 200 files(soit environ 110
mètres).
b) Les Fusiliers
Ils constituent
l’infanterie légère de l’armée. Leur rôle est surtout de faire les
reconnaissances lointaines de l’armée pour savoir comment évoluent les forces
hostiles. Pour cette raison, qui implique l’éloignement par rapport aux yeux du
chef de l’armée diminue donc la notoriété, donc le prix des commissions.
Comme pour l’infanterie de
ligne, les unités sont des propriétés privées. Chaque province regroupe aussi
administrativement plusieurs unités qui leurs appartiennent. Cela entraîne que
si leur désignation se fait en fonction de leur commandant, ce dernier n’en est
cependant pas le propriétaire ! C’est une des raisons pour lesquelles, à ma
connaissance, ils n’ont pas le grade de colonel.
Commandé par un lieutenant
colonel, et "léger", cela fait que leur chef est plus souvent avec
les troupes, est plus concerné par la chose militaire.
Un régiment de fusiliers se
compose de 2 bataillons dont un de dépôt. Chacun s’articule en 4 compagnies de
2 pelotons de 2 sections. Le premier bataillon, qui est le seul à combattre,
dispose en tout de 19 officiers, 48 sergents, 80 caporaux , 440 fusiliers, 40
Schützen, et 13 musiciens ( 2 clairons et 1 tambour par compagnie, plus 1
clairon de bataillon), 1 chirurgien, 1 intendant, 1 armurier, et 46 hommes du
train.
En théorie, il dispose d’un
canon de 3 livres qui en pratique reste au dépôt.
L’effectif combattant
représente donc 680 hommes, mais qui sont rangés sur 2 rangs et 292 files
(environ 160 mètres). Le shéma n°2 ci-dessous montre la disposition d’une
compagnie qui a 1 capitaine, 1 lieutenant, 2 sous-lieutenant, 11 sergents, 40
caporaux, l0 Schützen, 2 clairons et 1 tambour. Elle se range sur 2 rangs et 72
files(environ 40 mètres)
Il est à souligner que ces
bataillon ne disposent pas de drapeau
c) Le Jägern zu Fuss
Régiment
Ce régiment n’est en fait
composé que d’un bataillon. Il fait partie de la Garde depuis sa création en
1744, mais jusqu’en 1787 n’est destiné qu’à garder les fourgons de l’armée.
Les hommes sont armés de la
carabine à canon rayé .
Le régiment se compose de
l0 compagnies, un colonel-propriétaire, le roi en personne, un commandant qui a
le grade de colonel (ce qui impliquerait dans la ligne la propriété) ainsi que
de 94 hommes du train. Chaque unité s’organise comme les fusiliers mais avec 4
officiers, 10 sous officiers, l clairon et l20 Jägern. En l802, le régiment passe
à l2 compagnies constituées de 4 officiers, 10 sous officiers, 3 clairons et
l50 Jägern soutenus par 1 chirurgien, et ll hommes du train.
Ce régiment fût commandé
par un certain colonel Yorck de 1787 à 1806. Il entraîna son unité de façon
originale, d’aprés son expérience de Ceylan au sein des foçes françaises et au
contact des troupes anglaises et locales. Rappellons qu’à cette époque cette
variation de pays servis est trés courante. Un certain Gribeauval a fait de
même
Les compagnies combattent
de façon indépendante et sont désignées par le nom de leur capitaine
112) L’évolution et la manoeuvre
1121) Pour l’infanterie rangés en ordre serré
L’infanterie
prussienne, comme la plupart des armées de l’époque, respecte les théories
élaborées par Frédéric II concernant les manoeuvres des troupes ainsi que leur
placement :
1) La formation de base
est la ligne , afin
que le feu puisse être optimal. Cependant, sa mise en place n’est pas simple. En
effet, il faut que la première compagnie SOIT TOUJOURS à
droite. (Le schéma n°4). Dans le cas où cela ne serait pas possible, l’unité
doit éxécuter une contre-marche. Cela signifie que l’unité (qui peut-être un
bataillon, un régiment voire plus) doit défiler parralèllement au front afin de
rétablir l’ordre normal. Les français jusqu’aux réformes de l808 respectaient
ces règles au niveau bataillon. Le fait que le déploiement en ligne ne
s’effectuait que peu sur les champs de bataille résultait de l’effondrement
moral plus ou moins grand de leurs ennemis avant sa mise en place !
2)L’attaque principale
doit être faite par le feu, et non à la baïonnette. C’est l’arrivée de nombreux conscrits chez les
français qui va modifier le système d’attaque exigeant beaucoup de rigueur.
Revenons aux prussiens,
leur pas de manoeuvre avait été ralenti par le général Von Saldern. Il était
passé de 108 pas minute (pas dit accéléré) à 75 pas minute (pas dit normal). Cela,
comme nous le verrons, posera nombre de problèmes pour les changements de
formation.
Note: Le pas de charge, qui est en fait
un pas d’assaut uniquement utilisé dans les derniers métres d’une charge, n’est
pas défini. Il doit cependant ne pas être utilisé avant qu’une attaque par
le feu ait été réalisée !
La raison du changement de
pas pour la manoeuvre ne m’est pas connue, mais l’analyse des données mises à
ma disposition sur ce sujet semblent indiquer que trois raisons en ont été la
cause. D’abord, la volonté de réduire la fatigue des hommes et de leurs chefs. Puis,
la volonté d’avoir une mise en place de type automatique. Enfin d’avoir des
manoeuvres agréables à regarder ( Attention, cette derniére raison ne semble
pas être une des moins importante ! )
a) La colonne par
pelotons(schéma n°3)
Lorsque l’armée arrive sur
un champ de bataille potentiel, c’est à dire lorsque des forces hostiles sont
reconnues être proches (entre l et 3 kilomètres), l’armée est dans une
formation qui est appelée colonne de marche . C’est une suite
d’individus marchant sur les deux bords de la route avec au centre les fourgons
de ravitaillement, les canons régimentaires ou non et les officiers.
Par contre, dès lors que
l’ennemi est reconnu ( pour les prussiens, la distance était souvent réduite à
un kilomètre, alors que pour les français on tournait autour de trois
kilomètres), les bataillons passent en colonne par pelotons. Ces
derniers sont des demi-compagnies. Lors de la marche vers la position, soit le
peloton est rangé en marche( voir le schéma n°3, les rangs deviennent des files
et inversement), soit il est en bataille (schéma 3bis). Il s’agit de la formation
de base pour la manoeuvre sur le champ de bataille
Cette formation se déplace
au pas accéléré (l08 pas minute) jusqu’à la position de bataille (approche
jusqu’à 200 mètres du lieu de combat).
Exemple: Saalfeld :
Les prussiens se mettent en position à plus d’un kilomètre des premières
troupes françaises. Les prussiens veulent résoudre une bataille dans le plus
beau style des guerres en dentelles avec un ennemi déployé prêt au combat et
non pas en phase de préparation à la bataille !
Aüerstadt: Les prussiens de l’avant-garde se
déploieront à seulement 100 mètres des premières forces du général Gudin qui
sont, pour les attaquants, déjà déployées. En plus, le brouillard cache les
manoeuvres
b) La colonne par compagnies
Elle fait partie de ces
formations qui sont décrites officiellement, mais qui ne sont que très rarement
employées sur un champ bataille alors qu’ administrativement la compagnie est
l’unité de base. Elle aurait du remplacer la colonne par pelotons pour les
manoeuvres jusqu’au lieu de bataille, mais ..
Le schéma n°3 montre la
colonne par pelotons.qui est le modèle. Il faut toujours garder en mémoire le
fait que l’ordre d’ancienneté doit être respecté. L’espace qui existe entre
chaque compagnie est d’environ 20 pas (6 mètres)
c) La ligne (schéma n°4)
Il n’y a pas
d’autres formations pour combattre (exception faite du carré) un ennemi
qui est à pied, du moins en théorie. Face à de la cavalerie, les troupes
n’hésiteront pas à l’attaquer par une marche au combat par le feu.
Le placement en position
est ordonné dès lors que l’on atteint le lieu de bataille. Il se fait en
général de façon trés lente et en respectant les règles de l’art. A cette
époque, toutes les armées procèdent de la même manière ! Les sous-unités
se placent de façon régulière et assez lente afin de pouvoir se protéger
mutuellement La mise en place dure 7 minutes, que se soit à partir de la
colonne par pelotons que de celle par compagnies:
1) Dans le premier cas, la
première unité s’arrête, les autres font un quart de tour à droite. Ensuite, la
seconde fait une marche jusqu’à ce qu’elle atteigne la perpendiculaire de sa
future position. Aussitôt arrivée, elle réalise un quart de tour à droite et
s’arrête. Cela jusqu’au huitième peloton, qui au lieu de stopper remonte pour
former une ligne avec le septième peloton. Et ainsi de suite jusqu’à ce que le
bataillon soit en ligne.
Le schéma n°5 décrit ce
changement de formation
2) Dans le second cas, je
le répète donner ici uniquement à titre indicatif car exceptionnel en campagne,
la colonne supprime les espaces entre compagnies dans le but de se prémunir
d’une attaque de cavalerie. Ensuite, la procédure est la même que pour la
colonne par pelotons.
Le schéma n°6 décrit le
changement de formation d’une colonne de division qui n’est pas employée sur un
champ de bataille
Comme cette mise en
place est rigoureuse, si la position finale doit entraîne l’inversion des
unités (ordres d’anciennetés, ordres numériques), le général dispose de solutions:
1) Inverser au départ ses
unités pour permettre lors du déploiement la "remise à l’endroit"
2) Faire une contre-marche,
avec les inconvénients que cela entraîne
NOTE IMPORTANTE : L’attaque par une marche au combat par le
feu, qui est la seule méthode d’attaque des prussiens à l’époque, n’est
pas une simple avance puis un tir à une position déterminée par la qualité du
moral. C’est en fait, une accumulation d’avances et de tirs de jusqu’à la
position finale où ont lieu les combats définitifs. Chaque sous-unité du
bataillon, peloton ou compagnie, avance (80 pas soit 50 mètres) et fait feu
l’une après l’autre. En position finale, un feu global aprés un réalignement du
bataillon, s’il peut le faire ( si son moral n’est pas affaibli, soit par des
pertes élevées, soit pour des autres raisons), est effectué.
Au niveau d’unités
opérationnelles, comme la brigade ou la division, on procède de la même
manière, mais l’alignement se fait au niveau de l’unité de référence. En effet,
la justification de cette méthode est que l’on ne cherche pas à détruire
l’adversaire mais simplement à lui prendre ses positions.
d) Le carré (schéma
n°_8)
C’est la formation
de défense contre la cavalerie, mais elle est trés controversée depuis que le
règlement de 1759 (le prédécesseur de celui en vigueur en 1789, celui de 1788)
fut instauré. En effet, déjà les troupes prussiennes préféraient une sorte de
"ligne masse" formée par une addition de compagnies en colonne par
pelotons avec les flancs gardés par les Schützen. C’est cette formation qui
inspirera les autrichiens pour leur "Masse de division" (qui ne doit
pas être confondue avec le Bataillonmasse et la Divisionmasse ! )
Pourquoi cette préférence ?
Elle est due en premier lieu au fait que lors du passage en ligne les compagnies
en colonne passaient en masse ( par suppression des espaces entre elles), comme
le montre les schémas n°5 et 6. En second lieu, les officiers prussiens
apprenaient que dans une bataille le tout dépendait de chacune de ses
composantes et inversement. En troisième lieu, cette formation avait fait ses
preuves contre les autrichiens pendant les conflits du XVIIIe siècle. Enfin, le
passage en carré est assez lent à former (environ 4 minutes)
On procède de la façon
suivante pour former le carré :
1) Les compagnies forment
une colonne par pelotons en fonction de celle qui servira de repère (celle qui
ne bouge pas)
2) Les colonnes pivotent au
pas normal (75 pas minute) vers la colonne repère. On a en fait ici, comme le
montre le schéma n°8, un côté qui aura deux masses l’une à côté de l’autre.
3) Les colonnes se
resserrent. Celle qui est la plus éloignée de la colonne repère ferme le carré
en pivotant à nouveau.
Dans la pratique, les
officiers désobéissaient d’abord en prenant le pas accéléré au lieu du pas
normal, mais il s’avère surtout qu’ils s’arrêtaient au 1). De nombreuses
batailles en font foi avant la Révolution et à Iéna . Dans ce dernier cas, il
s’avère qu’avec l’arrivée de cavaliers sur le flanc qui entraîne cette mise en
position. Mais comme les troupes n’avaient pas une solidité morale importante,
les "masses" ont volé en éclats, entraînant ainsi la déroute de toute
la ligne de défense, à l’exception des saxons qui eux, avaient formés leurs
unités en carrés.
1122) L’évolution en ordre lâche (schéma n°9)
L’ordre
lâche est la disposition de troupes de façon à ce qu’elles soient dispersées
sur une surface qui va de deux à cinq fois celle couverte par l’ordre serré. C’est
cependant un ordenancement car les troupes restent commandées. De même, il existe
une théorie pour son utilisation.
La mise en place de ce
règlement prussien pour les troupes légères, qui va être copié par presque tous
les pays (sauf la Russie et Turquie ), date de 1783 avec une "Instruction
pour les Corps Francs". Elle est inspirée des actions des troupes croates
de l’armée impériale et royale( celle des Habsbourgs) pendant la guerre de Sept
ans et des combats en Amérique lors de la guerre d’indépendance. Son but est de
définir les modes de combat dans les villages, bois, terrains difficiles, des
arrières et avant-gardes, et l’attaque de positions de campagne de l’artillerie
pour des troupes qui sont en ordre dispersé. De même, il s’agit de règlementer
la défense des trains et des quartiers d’hiver. Contrairement à ce que l’on
pense, la guerre de Sept Ans avait montré que cela n’était pas aussi simple que
l’on ne le pensait quand des troupes restaient, même en quartier d’hiver (on ne
se battait pas pendant cette période) assez proche l’une de l’autre. Enfin, il
apparaît que l’amélioration des armes à feu, dont la Prusse fut un des
pionniers, rendait le troisième rang des troupes de ligne inutile
Avant 1787, il n’y avait
pas de troupes légères régulières en Prusse. On utilisait des Corps Francs,
c’est à dire des bandes d’individus s’apparentant plus à des pillards, malgré
leur uniforme, qu’à autre chose. Même si les fusiliers de l’époque possédaient
ce nom, c’était simplement pour leur signifier que l’on ne les considérait que
comme des troupes de seconde zone. Seul, le Jägernkorps (ancêtre du Jägern zu
Fuss Regiment) pouvait être considéré comme tel, mais était surtout une troupe
de parade et chargé de garder les fourgons.
Les réflexions suscitées
par ces faits et conclusions amenèrent la mise en place du règlement de l788. Celui-ci
fait la différence entre deux types de légers :
1) Ceux destinés à un rôle
offensif appelés "Tirailleurs".(en français même pour les
allemands) Il s’agit des fusiliers, Jägern et Schützen
2) Ceux dont le but est
défensif nommés "Plänkern. Il s’agit surtout des troisièmes rangs
des troupes de ligne et éventuellement des Schützen
a) Les Tirailleurs
Certains sont armés de la
carabine ( Jägern et Schützen).
Ils ont pour but de
détruire les avant-gardes ennemies, d’affaiblir le feu de la ligne ennemie,
d’assurer les avant et les arrière-gardes mais pas de combattre dans les
"belles batailles", c’est à dire celles qui se font en ordre serré.
Les tirailleurs ne
s’avancent jamais à moins de 50 mètres d’une unité ennemie formée et évitent la
cavalerie. Dans le
premier cas, la raison est que le feu ennemi deviendrait trop dangereux pour
eux. Dans le second cas, un cavalier est plus rapide qu’un piéton. De plus,
isolé ce dernier n’a aucune chance de survivre.
Bien qu’ils combattent
toujours par deux (en ordre lâche, un léger ne tire que quand son collègue à
son arme chargée, même les Plänkern), leur méthode est ternaire, comme le
montre le schéma n°9
À La première ligne,
celle avec les points, est celle qui est réellement en ordre lâche. Elle est constituée
de troupes déployée sur une ligne qui est composée de deux demi-compagnies de
compagnies différentes positionnées côte à côte et devant tenir un front
d’environ 190 mètres. L’officier le plus haut gradé, ou le plus ancien est au
centre et dirige la ligne. Normalement, il est à pied. Les autres se placent
sur les extérieurs de la sous unité alors que les sous-officiers sont derrière
et vers l’intérieur. Les clairons sont avec l’officier commandant.
NOTE : les Jägern et les
Schützen qui sont utilisés par petits groupes(environ 150 pour les premiers et
60 pour les seconds) ne forment que la première ligne
La seconde ligne, les rectangles en pointillés, sont
les deux autres demi-compagnies. Elles sont en ordre serré et se placent
derrière les extrémités de la première ligne à 120 pas d’après le règlement
(environ l00 mètres) derrière . Son rôle est triple :
1) D’abord, protéger la
première ligne des menaces ennemies, notamment de la plus importante, celle de
la cavalerie en offrant un refuge aux tirailleurs déployés.
2) Ensuite , permettre un
roulement des troupes tant à cause de la fatigue physique que celle due aux
combats
3) Enfin, combler les
pertes dues aux combats ou accidentelles
La troisième ligne, les rectangles , symbolise la
présence du reste du bataillon et se trouve à 150 pas (environ 120 mètres) de
la deuxième ligne, en ordre serré au centre de la position. On pourra noter
deux éléments importants pour cette ligne :
Premièrement, le bataillon
doit être en colonne par compagnies
Deuxièmement, si le
bataillon s’était mis en ligne , ce sont les compagnies extérieures qui forment
les premières lignes. Contrairement aux croyances répadues, il est exceptionnel
que le bataillon soit totalement déployé en ordre lâche. Dans ce cas cette
ligne de soutien est fournie par une autre unité.
NOTE POUR LE JEU DE
GUERRE : Il est
quasiment impossible de respecter cette structure dans un jeu car la surface
couverte par les tirailleurs ne serait pas réaliste car beaucoup trop faible
b) Les Plänkern
Ce terme allemand
désigne les troupes légères à destination de protection et de reconnaissance
rapprochées. Ce sont surtout les troisièmes rangs des unités régulières.
Ils doivent permettre,
théoriquement, de contrer une menace de tirailleurs ennemis et d’éviter aux
troupes en ordre serré, le reste du bataillon, les surprises dues aux terrains.
Enfin, ils servent à couvrir les flancs dans le cas où le carré n’a pas le
temps d’être formé. Pour cette raison, ils ne s’éloignent jamais à plus de 100
mètres de leur unité mère. Les troupes légères (fusiliers et autre) n’en
disposent pas officiellement car étant rangés sur deux rangs.
Enfin, il n’y a pas
réellement d’instruction, mais plutôt des dispositions à prendre. Les seuls
écrits sont datés de 1791 pour le régiment du Duc de Brunswick (n°l9). Ils
seront ensuite distribués ensuite entre 1803 et 1805 aux autres unités. Ils
combattent, en fait, comme des essaims de soldats légers entre les Schützen et
les troupes formées sous les ordres d’un capitaine monté. Dès que l’infanterie
attaque, par le feu ne l’oublions pas, ils doivent s’écarter sur les flancs
pour se former en mini-carré autour d’un gradé, puis éventuellement se
remettront en position pour couvrir leur bataillon, qui est soit en repli soit
à l’arrêt . En cas de combat prolongé, ils restent derrière.
12) La cavalerie
A cette
époque, la cavalerie prussienne est considérée comme le modèle de toutes les
autres cavaleries européennes en raison de sa dextérité montrée pendant la
guerre de Sept Ans tant du point de vue de la force de frappe que de la qualité
de sa manoeuvre. Son rôle dans nombres de victoires de Frédéric II marqua les
généraux qui avaient du l’affronter. Rappelons que Napoléon avait souhaité au
départ de la campagne de l806 éviter les confrontations avec cette arme. En
effet, ses instructeurs militaires lui en avait fait l’éloge. Cependant, la
quasi banqueroute de l’état prussien à la fin de ce conflit, ce malgré les
aides financières importantes de la Grande Bretagne (déjà !!), obligera les
dirigeants du royaume à réduire l’équipement ( la cuirasse disparaît) et à
restreindre l’entraînement monté.
Cette dernière restriction
est aussi augmentée par le fait que la cavalerie va subir des modifications,
que nous verrons plus loin, sous l’impulsion du général Von Saldern. D’autre
part, le non renouvellement des commandants de cavalerie amena un
vieillissement extrêmement important des cadres supérieurs de cette arme et des
propriétaires. Ces derniers préféraient les salons où les bureaux aux champs de
manoeuvre ! Cela aura pour conséquence de faire des cavaliers prussiens de très
bons escrimeurs, mais de piètre manoeuvriers. Un exemple de cette détérioration
: En moyenne, un soldat ne voit un cheval dans les conditions de campagne que
un mois par an !
De même, les nouvelles
idées du chef du Kriegsoberkollegium amènent un changement du rôle de la
cavalerie dans l’armée. En effet, en raison de l’amélioration des armes à feu,
dont la Prusse fut un des pionniers, l’arme montée devient une arme de soutien
de l’infanterie. Cette transformation provient aussi du fait que les chefs
prussiens avaient remarqué qu’une charge de cavalerie, aussi bonne soit
elle, sur une infanterie qui reste en ordre serré est un désastre sanglant
(déjà dans les déclarations de Frédéric II) !! En conclusion, ils
réformèrent cette arme de la façon suivante:
1) Les cuirassiers perdent
leur cuirasse et passent " cavalerie de bataille"
2) Les dragons anciennement
" cavalerie de bataille" deviennent "cavalerie de ligne"
3) Les hussards sans
changer en théorie redeviennent des "irréguliers" et donc des
faire-valoir des autres cavaleries
La conséquence de ces choix
est la dispersion des troupes montées par petits groupes dans les divisions, au
lieu d’être une réserve servant à exploiter une occasion de détruire l’ennemi.
121) L’organisation des troupes (feuillet
cavalerie avant 1806)
La
cavalerie suit le règlement de 1788, appliqué en l790, qui se base sur celui de
l743. Il y a à cette époque :
1 régiment de Cuirassiers Garde du Corps
à 3 escadrons, l régiment de Cuirassiers Gensdarmes à 5 escadrons qui
forment la cavalerie de la Garde.
ll
régiments de Cuirassiers à 5 escadrons chacun
l0
régiments de Dragons à 5 escadrons, 2 régiments à l0 escadrons
l0
régiments de Hussards à l0 escadrons, et 2 Hussar-Kommando n’ayant qu’un
seul escadron. Le régiment n°6 (en 1806 Von Schimmelpfennig, celui qui
combattra à Saalfeld) se compose d’un bataillon de 5 escadrons de Hussards et 5
escadrons de lanciers Towarczys. Le régiment n°9 (en 1803Von L’Estocq,
qui combattra en l807 à Eylau) en entièrement composé de lanciers Towarczys.
Ceux-ci sont des cavaliers polonais passés au service de la Prusse après les
partages de la Pologne (1772, l793 et l795). Ils sont intégrés d’abord dans un
Bosniaken und Tartarenkorps avant d’être formés en Korps Towarczys le 14
octobre l799, puis comme indiqués ci-dessus
Note : Les noms exotiques de Bosniasques
et Tartares reflètent la mode orientale du XVIIIe. Les unités n’ont d’orientale
que le nom et l’uniforme. Par contre, celui de Towarczys est celui d’un noble
polonais.
Pour tous les régiments, un
escadron se décompose en 2 compagnies de 2 pelotons chacune. De plus, dés lors
qu’une unité dispose de plus de 5 escadrons, elle s’organise en deux
bataillons. Enfin, les cavaliers sont rangés sur trois rangs, (les blessés,
réserves et surnuméraires étant sur le troisième), et les soldats se placent
étrier contre étrier depuis l788. Avant, ils se plaçaient genou contre genou. Le
schéma n°9 décrit cette formation, mais après la réforme de l797.
Un escadron se dispose sur
un nombre de files (une file prend un mètre de largeur sur dix de profondeur
environ) qui dépend du type de cavalerie, et quelques fois du régiment :
58 pour les Gardes du Corps, soit environ 116
cavaliers et 12 réserves
48
pour les Dragons et les Cuirassiers, soit 96 cavaliers et 12 réserves
44
pour les Hussards et Towarczys, soit 88 cavaliers et 12 réserves
NOTES : Chaque escadron, quelle que soit
le type de cavalerie dispose de 10 cavaliers équipés de la carabine à canon
rayé. Ils peuvent être rassemblés à des niveaux supérieurs et ont le même rôle
que les Schützen de l’infanterie.
Les officiers disposent de
trois chevaux supplémentaires , dont deux de rechange, et un fourgon avec un
valet et leur "nécessaire de nuit"
Au niveau régimentaire,
cela représente 2 officiers supérieurs, dont le colonel propriétaire, 34
officiers, 80 sous-officiers, ll clairons, 660 cavaliers et 60 réserves pour la
"cavalerie" (respectivement 24, 48, 8 et 522 pour les Gardes
du Corps). En plus, chaque régiment dispose de 87 chevaux de ravitaillement, 6
fourgons de nourriture (alors que chaque cavalier porte 168 kilos), un fourgon
d’état-major, et une ambulance. Pour les régiments à l0 escadrons, le total est
doublé. Pour les "hussards", il y a 2 officiers supérieurs,
dont le colonel propriétaire, 49 officiers, l50 sous-officiers, 30 clairons(le
régiment n°6 dispose d’un timbalier), et 1320 cavaliers pour dix escadrons. En
sus, il y a 34 fourgons et une ambulance. Pour les unités du régiment n°6, le
total est le même mais il y a la moitié se compose de Towarczys.
122) Evolution et manoeuvre
1221) Colonne de marche et de pelotons
En
déplacement, avant d’avoir pris contact avec l’ennemi, la cavalerie se déplace
comme l’infanterie, c’est à dire en colonne de marche, les soldats sur
les bords de la route et les remontes au centre avec les officiers. Les
fourgons, eux, suivent le régiment
La colonne par pelotons
est la formation de déplacement en opérationnel, c’est à dire entre le
moment où l’ennemi vient d’être reconnu et la prise de la formation de combat. C’est
uniquement une formation de déplacement depuis 1788. Les remontes et fourgons
sont placés en un dépôt provisoire. Les troupes se placent alors deux par deux.
Le problème de cette colonne est qu’elle mélange les files. Ce détail a souvent
pour conséquence de provoquer certains désordres
1222)Colonne par escadrons et la ligne (voir
schéma n°9 )
La
colonne par escadrons est réservée pour l’attaque dans des espaces étroits.
Les colonnes en double
escadrons, bataillons, et régiments (rare) sont les méthodes d’assaut préférées
1223)Les méthodes de combats
En théorie,
il en existe deux assez proches de celles de l’infanterie:
1)En Défense
Le feu doit servir à stopper
l’attaquant !! Comme tous les cavaliers disposent d’armes à feu, il y a une
instruction faite d’abord à pied puis à cheval. C’est une ancienne méthode de
combat datant de l’arrivée massive d’arme à feu sur les champs de bataille. Elle
permettait d’arrêter l’ennemi puis d’aller le combattre en position de force. Cependant,
cette méthode avait été supprimée par Turenne en France et Frédéric II l’avait
déconseillé à ses subordonnés et nombreux étaient les officiers à préférer la
contre-attaque
2)En attaque
La méthode de base est
celle de la brigade, car les régiments vont en guerre dans cette formation qui
dispose de deux régiments :
# L’assaut pour
l’escadron se fait à partir de 400 pas de l’ennemi(environ 350 mètres) même
si l’assaut part de plus loin au trot rapide. C’est seulement à l20 pas, soit
80 mètres, que le "fanfaro", la charge au galop, est lancé. A 80 pas,
soit 50 mètres, on sonne la charge générale (c’est à cette distance que
l’infanterie tire en général) . Pour un assaut, le chef de brigade doit
répartir sa force en deux lignes et un escadron pour cinq en réserve
# L’assaut en masse
se fait lorsque plusieurs types de cavalerie sont réunis. Les charges se font
toujours "hussards" en tête. En effet, ces "irréguliers"
sont chargés de prendre les coups de feu puis de se retirer pour que les autres
types puissent combattre. De même, ils peuvent être chargés de faire peser des
menaces sur les flancs de l’adversaire chargé.
13)L’artillerie
131)Présentation
L’artillerie
prussienne, en 1789, se compose de trois éléments :
L’artillerie régimentaire d’infanterie
L’artillerie à pied
L’artillerie à cheval
Elle
fut réorganisée par Frédéric II, qui créa aussi l’artillerie à cheval, en l750,
afin d’en faire une arme manoeuvrable. Elle n’a pas évoluée depuis cette
époque, sauf la troisième qui servira beaucoup de réservoir d’officiers pour
les autres états.
Comme
toutes les armes techniques, elle est à l’époque socialement méprisée, car il
faut avoir de solides connaissances notamment en mathématiques. De plus, en
campagne, on ne combat l’ennemi que de loin, donc les récompenses sont beaucoup
plus difficiles à obtenir. Elle rebute donc l’aristocratie et attire plus les
roturiers et la petite noblesse (financière, nationale ou autres).
Avec
les restructurations de l’après guerre de Sept Ans, elle perd de sa qualité,
notamment suite à un exode massif d’officiers attirés par les autres nations. Elle
ne la retrouvera que vers l850 lors des réformes suite à l’adoption du canon à
culasse.
Note : Avant de poursuivre, il me semble indispensable
de glisser une explication sur la façon dont on calculait les calibres à cette
époque car nombreux sont ceux qui l’ignorent. Je pense en particulier à ceux
qui comme moi pratiquent le Kriegspiel. Jusqu’à l’arrivée des canons à
chargement par la culasse, sauf pour la Grande Bretagne, le calibre d’un canon
ou d’un obusier(canon destiné à arroser une surface pré-définie à l’avance)
était défini par le poids du boulet ou de l’obus. L’unité de poids était la
LIVRE. Or, celle-ci avait un grave défaut, c’est qu’elle n’était pas
universelle, comme l’est le KILOGRAMME. Elle variait même de façon non
négligeable entre deux provinces d’un même état, mais surtout entre les pays
En voici quelques exemples
: Paris : 0,48989 kilo (base pour l’armée) ; Strasbourg : 0,421848 kilo
Londres: 0,4536 kilo
Berlin : 0,48784 kilo
Vienne(Autriche) : 0,37649
kilo
N’oublions pas que les
unités de référence créées par les scientifiques de la Révolution viennent
juste d’être mises en place et que les habitudes sont encore fortes de mesurer
en France dans les anciennes mesures. Alors au niveau international, elles ne
sont qu’à peine connues
Ces différences, que nous
venons d’évoquer ainsi que celles touchant à l’entraînement des troupes, la
qualité de la poudre et la quantité utilisée pour chaque tir font que d’énormes
variations existent entre les armées. Cela sera une des raisons pour laquelle
nombre d’artilleries seront cassées par l’artillerie française. La première est
qu’un canon de même "calibre" dans deux pays différents n’aura pas la
même portée donc pas la même efficacité
132)L’artillerie régimentaire
Le principe
est d’appuyer l’infanterie avec un faible nombre de canons pour augmenter sa
puissance de feu. En l789, le premier bataillon de mousquetaires et celui de
grenadiers disposent chacun d’un canon de 6 livres dirigés par un sous-officier
d’artillerie. Les servants sont 4 artilleurs et l2 manoeuvres. Ces derniers
sont recrutés dans l’infanterie. Il y a des chevaux, en général 2, mais pas
d’hommes du train. L’efficacité de ces canons est en réalité surtout morale,
mais par contre l’encombrement est lui réel et trés important.
133)L’artillerie à pied
C’est le
corps principal. Elle dispose de 4 régiments commandés par le roi, qui est le
colonel-propriétaire, l lieutenant-colonel et 2 majors
Chaque régiment se compose
de l0 compagnies ou batteries. Chacune dispose de 6 canons de l2 livres et de 2
obusiers de l0 livres. Pour les servir, chacune d’elle dispose de l capitaine,
l lieutenant, 2 sous-lieutenants, 8 sous-officiers, 2 tambours, 32
canonniers-artilleurs, 32 manoeuvres et enfin 25 hommes du train pour les
attelages et les fourgons. Soit un total de 101 hommes en campagne. .De plus,
chaque batterie compte les sous officiers et les artilleurs qu’elle
"prétera" à l’infanterie. Cela fait monter son total administratif à
243 hommes.
Cette artillerie est
dispersée au niveau des grandes unités de campagne. Leur chef la répartie dans
les brigades. Cette arme n’est donc vue que comme une arme de soutien et non de
destruction, comme c’est le cas chez les français. La notion de grande batterie
de réserve n’existe pas encore. Le rôle de l’artillerie est donc simplement
d’être à la disposition des autres armes pour que celles-ci puissent remplir
leurs objectifs.
C’est ici que la différence
des mesures de poids apparaît : Le canon de l2 prussien correspond dans ses
capacités au 8 français !
134)L’artillerie à cheval
Elle
dispose d’un régiment en l789. 0rganisés comme l’artillerie à pied, il ne
dispose que de 215 hommes pris sur les fourgons (il y a moitié moins de
fourgons de munitions que pour les piétons). Elle est équipée de pièces de 6
livres (à peu près équivalentes aux pièces de 4 françaises) et d’obusiers de 7
livres dans les même proportions
Son utilisation tactique,
est de suivre la cavalerie ( tous les hommes sont montés) pour préparer une
attaque ou augmenter la force du feu (en défense, voir la cavalerie) de la
brigade qu’elle soutient. Cependant, la batterie doit toujours se mettre l00
pas (environ 50 mètres) devant les troupes montées. Est-ce une peur des
explosions ? Enfin, cette arme est surtout armée de cartouches de mitrailles
pour arroser l’adversaire
NOTE : Elle jouit, pour une arme technique,
d’un prestige trés important. Ses membres bénéficient d’un sort enviable dû
sans doute aux attentions répétées du souverain. Cependant, le fait que nombre
d’officiers quittent la Prusse pour servir d’autres pays, la Suède notamment,
montre que cette opinion n’était pas partagée par tous
14)Les réformes de l797
141)Pour l’infanterie
A part les
réformes concernant l’uniforme, dont l’abandon de la Kasket au profit du
bicorne, du shako et de la "coiffure chinoise des grenadiers"( surnom
donné à la mitre des grenadiers), les dirigeants prussiens commencent à tirer
les conséquences des combats pas toujours perdus contre les révolutionnaires
français, surtout concernant leurs troupes légères. La manoeuvre s’accélère par
le passage systématique au pas accéléré (108 pas minute) pour tous les
changements de formation et les déplacements. Mais hélas pour les Prussiens,
les luttes entre Anciens et Modernes, surtout depuis l’arrivée en 1801 du
hanovrien Scharnhorst, se crispent et entraîneront des retards considérables
dans la mise au point des réformes et aussi du plan de campagne de l806
Les régiments passent à
deux bataillons de mousquetaires mais à 5 compagnies, 6 pour la Garde, et deux
compagnies de Grenadiers, sauf pour la Garde. Ces derniers se rassemblent, en
temps de guerre, par deux régiments pour former des bataillons d’élites. L’effectif
devient alors 23 officiers, dont le propriétaire, 60 sous officiers, 50
Schützen avec leur clairon , l5 tambours, dont un de bataillon, 600 soldats et
l0 sapeurs. Ils sont rangés sur trois rangs et 105 files (5 x20 plus officiers
et tambours) (voir le schéma n°1) couvrant environ ll2 mètres pour les
mousquetaires. Les grenadiers se placent de même mais avec une structure
différente (4x25 plus officiers et tambours)
L’arrivée d’une nouvelle organisation
provoque la publication d’une nouvelle instruction. Mais celle-ci va provoquer
des complications assez importantes, surtout pour la formation du carré. En
effet, une compagnie doit éclater pour permettre de le former, alors qu’elle
est devenue la structure de base pour les manoeuvres. Cela aura pour
conséquence première que le nouveau carré ne sera pas appliqué, exception faite
de certaines unités. Les officiers garderont "la ligne masse" et
verront leur unité, comme à Iéna , partir en déroute dès que la cavalerie
française les débordera. Cela est dû au fait que leur feu deviendra tellement
faible sur les flancs suite à des chutes du moral et à des tirs efficaces de
tirailleurs ennemis .
142)Les autres armes
Seule la
cavalerie subira une réforme en l796. Elle va supprimer les troisièmes rangs. Les
escadrons vont donc se présenter comme ci dessous (schéma n°8). De plus,
l’espacement entre cavaliers double (de0,55m à 1,10m), et cela pour des raisons
d’économies (l’usure des bottes et des étriers, y-avez-vous pensé ?), repasse à
étrier contre étrier.
Concernant les manoeuvres,
celles-cisont toujours réglées par les pivots qui évoluent toujours deux par
deux ou quatre par quatre, en fonction du pivot. En clair, maintenant, ce sont
les extrémités qui doivent le rattraper et non plus l’inverse.
Enfin, l’ordre est donné
aux sous-officiers de parler de façon correcte à leurs troupes quelle que soit
la situation. De même, ils peuvent être nommés officiers grâce à leurs mérites.
Cette dernière décision est une révolution dans un monde aussi bloqué qu’est la
Prusse de cette époque où l’ Aristocratie n’a plus que l’armée pour pré-carré !
15)Les prussiens en campagne
L’armée
prussienne est l’image type de l’armée frédéricienne. Cependant, un défaut trés
particulier existe au niveau de son commandement : celui de vouloir appliquer
des modèles mathématiques sur le champ de bataille !! Un exemple : "
Lorsque la base de votre ligne est devenue suffisamment longue pour que les
deux lignes d’opérations fassent un angle de 60 degrés, on peut se porter en
avant". Cette déformation professionnelle venant de la théorie de la ligne
oblique, inventée par Frédéric II, est due d’une part à l’âge de plus en plus
vénérable des théoriciens, mais aussi au fait que l’idée originelle n’est plus
comprise dans son esprit. En effet, elle fut développée pour permettre de
déborder un ennemi avant qu’il n’ait pu se mettre en position. Maintenant, les
généraux font que les officiers attendent que leur ennemi soit en position pour
commencer à évoluer. C’est ce qui s’est passé à Saalfeld
Dans sa structure, l’armée
se compose de divisions qui disposent de plusieurs brigades ( de une à trois)
d’infanterie et d’une de cavalerie avec l'artillerie adéquate. Une de ces
divisions est légère (composée à la base de fusiliers). Contrairement à l’armée
britannique, où il existe un ordre à respecter dans le placement des divisions,
l’armée prussienne placent celle-ci selon les besoins du moment. Cependant, en
Prusse le placement des bataillons se fait en fonction de la numérotation dans
la brigade, alors que les britanniques les placent en fonctions des
circonstances. Dans les limites définies ci-dessous et à l’exception des
troupes légères, pour les prussiens, les troupes respectent scrupuleusement
l’ordre
L’infanterie légère,
contrairement aux légendes bien établies, s’est toujours bien comportée contre
les français, mais comme l’importance des légers n’est pas comprise, elle se
trouvera toujours en infériorité numérique et finira par craquer. Enfin, les
divisions légères sont envoyées assez loin du reste de l’armée. Cela provoque
une perte de temps dans les transmissions des informations qui se révélera
fatale en 1806. A côté de cela, les autres unités ne pratiquent que des
reconnaissances courtes (environ un kilomètre) empêchant des mises en place
rapide, exemple: Aüerstadt.
La cavalerie prussienne,
qui n’est plus qu’une arme de soutien , flanque l’arme principale et sert
surtout à soulager l’infanterie du poids de la bataille. Même si ces cavaliers
ont fait des charges victorieuses (Heilsberg, premier assaut d’Hassenhausen à
Aüerstadt), la plupart des assauts n’ont été réalisés que pour sauver les
piétons (Saalfeld ).
16)Pourquoi la guerre en l806 ?
En Prusse,
depuis l797, date de l’arrivée au pouvoir de Frédéric-Guillaume III, le
gouvernement se fait par trois personnes : Les ministres Hardenberg
(anti-français) et Haugwitz (pro-français) mais surtout la reine Louise dont la
francophobie est aussi forte que sa beauté était grande aux yeux de ses
contemporains. Le roi, lui , louvoyait entre ces voies. Après Austerlitz, la
Prusse signa un accord avec Napoléon, paraphé en avril 1806 qui lui donnait le
Hanovre, et préparait une alliance avec la France. Dans le même temps, le roi
de Prusse signait une alliance défensive et offensive avec le Tsar. Le 25
juillet l806, la proposition par Napoléon à la Prusse de diriger la nouvelle
confédération du Rhin fut assimilée à une preuve de faiblesse. Mais la
découverte de négociations en vue d’une paix entre la Grande Bretagne et la
France, comportant la possibilité d’une éventuelle rétrocession du Hanovre, fit
chauffer les esprits à Berlin. Dans le même temps, la mise au point du traité
d’Oubril qui faisait suite à Austerlitz entre Paris et Moscou sema la panique
dans les milieux politico-militaires prussiens. Ils mirent leur pays le 9 août
l806 sur leur pied de guerre. Le 29 du même mois, le Tsar refusa de ratifier le
traité d’Oubril, donc reprenait la guerre, le parti de la guerre l’emporta
définitivement en Prusse. Le 26 septembre, une alliance renforcée avec la
Russie fut signée et un ultimatum envoyé. On connaît tous la suite. Cependant,
il ne faut pas oublier que la volonté de la guerre n’était le fait que de
certaines sphères politico-militaires. Le peuple, lui, ainsi que les
commerçants les plus riches , qui n’ignoraient rien des négociations
franco-anglaises, furent plutôt déçus à l’annonce de la guerre. D’ailleurs, les
premières relations entre Prussiens et militaires français furent plutôt
excellentes. Napoléon ne fut-il pas acclamé lors de son arrivée à Berlin ? Il
fallut les conditions très dures du traité de paix et le comportement des
troupes françaises pour retourner la population.
En l806, la Prusse a encore
une fois phagocyté la Saxe et obligé l’armée de l’électeur à la suivre. Cette
armée qui ne disposait pas de réelles troupes légères à l’époque n’avait pas
évolué depuis Frédéric II sauf en ce qui concerne ses armes à feu. Cependant,
elle se révèlera beaucoup plus solide que les prussiens dans l’épreuve. Ce sont
des Saxons qui couvriront le début de la retraite prussienne avant soit d’être
dispercés par le choc du nombre ou de passer chez les Français suite à l’accord
de paix franco-saxon
II) L’armée
prussienne après la paix de Tilsit
Introduction
Avant de
passer directement à l’étude qui nous occupe, il me semble important de voir
l’évolution de l’esprit de la population prussienne.
Rappelons la situation
avant les hostilités : La guerre contre la France avait divisé fortement les
hautes sphères politiques du pays, mais globalement seule l’armée voulait un
conflit. Par contre, les milieux marchands, intellectuels et littéraires et
même populaires avaient accueilli très favorablement la Révolution et ses
conséquences sur l’organisation d’un état ainsi que la notion de Nation. La
phrase de Goethe après Valmy, "De ce jour et de ce lieu date une ère
nouvelle dans l’histoire du monde", ou le retard de Kant dans sa promenade
journalière après qu’il eut connaissance de la prise de la Bastille en sont des
exemples. De même, la situation financière n’était pas bonne et cela avait
altéré le prestige de la Prusse .
En l806, l’armée prussienne
se fait écraser en moins d’un mois. La population accueille favorablement les
français, porteurs d’espoirs de vie politique différente et mieux équilibrée. Cependant,
leur comportement (pillage, viols,...) et les conditions très dures du traité
de Tilsit transforment trés vite ces libérateurs en occupants très
envahissants. Enfin, le roi de Prusse n’a été convié, lors des négociations,
que pour apposer sa signature, à l’endroit où l’on lui dit de le faire, et
seulement parce que le Tsar le demanda ( Cette leçon de vengeance future sera
oubliée lors des négociations du Traité de Versailles en 1919 !). Tous ces
éléments font naître la volonté de revanche et d’une guerre de libération
contre la France et les français ainsi que tout ce qui symbolise la domination
impériale. Mais revenons au résultat du Traité de Tilsit : La Prusse perd un
tiers de son territoire, tous ses vassaux directs (Hesse-Kassel,
Brunswick,....) , doit subir une occupation militaire permanente, doit payer
une indemnité de guerre équivalente à la moitié de son budget annuel, payer les
troupes d’occupation et subir une limitation de sa force militaire. Bref, c’est
une catastrophe !
Pour l’étude qui va suivre,
nous allons voir le changement des mentalités en Prusse, puis la métamorphose
de l’armée et de l’état et jusqu’où elle va. Nous présenterons dans le même
temps, comme dans la première partie, les différentes armes ainsi que leur
règlement de manoeuvre. Enfin, nous montrerons le rôle et l’apparition de la
Réserve, de la Landwehr et des Corps Francs dans le système militaire prussien.
1)La transformation de la Prusse et de son
armée
11)Y-a-t-il eu une révolution comme le prétend
la légende ?
La
destruction de leur armée marqua, après coup, terriblement les prussiens. Ce
sont surtout les militaires qui le ressentent, mais pas comme on le croit ! En
effet, ce sont les simples soldats et ceux que l'on peut considérer comme étant
des Modernes( Scharnhorst, York, ...) qui se sont sentis trahis. Les hautes
sphères frédériciennes, dont faisaient partis les ministres qui avaient voulu
la guerre, se sont aperçues qu’elles étaient dépassées mais pour des raisons politiques
ont fait retomber la responsabilité de la défaite sur les classes subalternes
de l’armée. D’ailleurs, ils vont se contredire tout de suite en instituant un
tribunal, le Ehrengericht, et une Immediatkommission dirigées par le
Generalleutnant Von L’Estocq (le sauveur d’ Eylau) . Elles vont avoir pour but
de juger les responsables des désastres et d’ étudier les solutions au niveau
moral. Le résultat en sera un limogeage massif de vieux officiers, mais aussi
l’établissement de "bases morales". Ces dernières resteront valables
jusqu’en 1918. C’est maintenant que le colonel Von Gneisenau, un saxon
d’origine, grâce à sa défense de Kolberg et de la de Poméranie et un certain
Clausewitz sortent de l’anonymat.
De nouvelles structures
dirigent l’armée : L’ancien Oberkriegskolleguim cesse d’exister. La Militär-Reorganisationkommission,
sous la direction du roi est mise en place. Elle ne comprend que trois
membres en plus du président : Le roi, le Général Scharnhorst, qui en est le
véritable chef, et les lieutenants-colonels Von Lottum et Von Gneisenau. Leurs
objectifs, dès leur installation, sont trés clairs et montrent un changement de
vision de l’armée de la part des dirigeants prussiens :
Mettre en place une
armée populaire et nationale au service de l’état
Ne pas fermer la porte
aux meilleurs à cause de leur statut de roturier
Libérer la Prusse et en
refaire une puissance
Voilà où se trouve la vraie
révolution ! Maintenant, ce sont les meilleurs qui vont percer, du moins en
théorie, mais il est indéniable que depuis ce jour les cas de "placements
familliaux" vont être relativement rare. A côté de cela une réforme
complète de l’armée est mise en place :
Suppression du système
de la commission car toutes les troupes appartiennent à l’état. Attention pas au
roi ! Ce dernier nomme à une place, mais ne la donne pas
Apparition de la
conscription comme base du système. Les professionnels ne sont là que pour les
encadrés
La Convention de Paris
,qui règle les détails de l’occupation française, ne permet pas aux prussiens
la mise sur pied d’une forte armée. Les dirigeants prussiens vont la tourner
par le système des Krumpern
Révision totale de la
doctrine militaire au moins dans son apparence
NOTES: La conscription ne s’applique
qu’aux hommes célibataires et tirés au sort. Mais il existe le système du
remplacement. Cela consiste à payer quelqu’un pour être remplacer pendant la
période initiale puis ensuite pendant les périodes annuelles.
La mise en place de ce
système de façon généralisée tel que nous le connaissons actuellement ne sera
fait qu’en 1813.
Un Krumper est un
soldat qui a été entraîné durant un an et qui est mis en réserve afin de
libérer sa place permettant ainsi d’entraîner une nouvelle recrue. Il doit
faire un certain nombre de manoeuvres par an afin de garder ses qualités de
soldats. Ils sont intégrés dans des bataillons de réserve des unités qui les
ont entraînées. Certains régiments en ont jusqu’à cinq (Leib-regiment), mais la
moyenne est de trois.
En conclusion, les réformes
militaires que nous allons étudier vont transformer l’armée mais la fameuse
révolution n’est qu’une invention postérieure de l’époque romantique. En effet,
les évolutions tactiques avaient été déjà entrevues avant l806 et les troupes
instruites de l’armée, y compris les Krumpern n’hésiteront pas à attaquer en
ligne. Ce n’est pas non plus au niveau de l’uniforme qu’elle se présente . En
l805, le changement d’uniforme était en cours, mais les éternels impératifs
budgétaire en ont retardé la mise en place. On peut seulement dire qu’il y a
une importante remise en question de la façon de vivre mais dire qu’il y a une
Révolution , non !
Concernant la population,
je le répète encore, au départ peu de gens voulaient la guerre et même beaucoup
aspiraient à voir la défaite de "leur" armée . Les accueils dans les
villes et notamment Berlin furent pour le moins trés agréable pour les français
!! Ce ne sont que les différents traités et surtout la tenue des troupes
françaises vis à vis des populations qui transformèrent les sentiments.
12) La réforme de l’infanterie
La réforme
se veut d’abord dans celle de l’esprit des troupes. Il faut que les hommes,
surtout les officiers, dépassent la fameuse triade "un soldat prussien ne
doit penser qu’ à trois choses : Au Roi, à Dieu, à Rien" inventée par le
pére de Frédéric II, Frédéric-Guillaume Ier appelé "le Roi-Soldat". Dans
une certaine mesure, les dirigeants réussiront tout en évitant d’avoir à
nouveau les ennuis d’ avant Iéna, c’est à dire le jugement sur l’ intelligence
de l’ ordre.
D’abord ils vont chercher à
faire un fantassin qui s’adadapte à tous les terrains, comme les français
commencent à le faire depuis 1808, avec des exceptions pour les soldats
d’élites que l’on regroupera. On a donc quatre catégories de troupes :
a) les Mousquetaires, qui
sont les soldats de base qui est destiné pour servir en ordre serré. Il compose
la majorité des régiments de ligne. Cependant, même parmi eux , une
différenciation se fait ; les troisièmes rangs servent en ordre lâche
b) LesFusiliers, ou
fantassins légers. Ils se composent environ un tiers des régiments de ligne et
ont pour destination de servir en ordre lâche, dans les obstacles mais aussi en
ordre serré . Ils servent alors comme les Mousquetaires. Théoriquement, ils
sont de meilleure qualité que les premiers mais dans la pratique ils sont
équivalents.
c) Les Grenadiers, ou
fantassins d’élites. Ils forment des bataillons mixtes à partir des deux
compagnies de chaque régiment. Ce sont les meilleurs soldats et sont des
engagés, non des conscrits (du moins après leur sélection).
d) Les Jägern et
Schützen sont des fantassins d’élites légers. Ce sont surtout des hommes de
trés hautes qualités (indépendance d’esprit, capacité d’initiative,
patriotisme). Ce sont tous des engagés volontaires qui ont fait leurs preuves
pendant la campagne de 1806 soit dans les troupes de lignes ou dans les Corps
Francs. D’ailleurs ceux qui ont combattus en Silésie, et qui ont semble-t-il
gênés considérablement les communications françaises ont été regroupés dans le
bataillon de Schützen silésien en 1808.
NOTE : La Garde contrairement à la période
précédente n’est pas, du moins au départ, assimilée à une troupe d’élite. Les
seuls régiments à être vus comme d’élite sont les régiments Leib( qui forme un
bataillon de grenadiers à lui seul) et Kolberg. La raison vient qu’ils sont
constitués des troupes ayant combattues , du moins pour leur encadrement, en
Poméranie en1806 et 1807 autour de la ville de Kolberg. D’ailleurs leur drapeau
porte le nom de cette ville. Ils disposaient de ce qu’il y avait de mieux dans
l’armée dans tous les domaines. En effet, la Garde n’est vue que pour garder le
roi et sa famille ainsi que ses résidences. Il existe un bataillon
d’infanterie, appelé le "Normal Bataillon’, qui bien qu’ayant la tenue ,
la paye, et le statut de la Garde n’en fait pas parti officiellement jusqu’en
Août 1813. Il sert à tester toutes les Instructions réglementaires, du moins
celles qui concernent la manoeuvre au niveau bataillon
121) Le règlement de l’infanterie
Après la
défaite, la Commission de réorganisation, qui a considéré comme responsable de
la Katastrophe le manque de rapidité et de fluidité des troupes, va
restructurer toute l’armée suivant les vues des hommes qui ont été mis à sa
tête(Sharnhorst et Gneisenau). Rappelons que ce dernier n’était en 1806 qu’un
illustre inconnue et doit son avenir qu’à sa défense de Kolberg.
On étudiera son application
tant sur l’organisation que sur la manoeuvre, mais à deux niveaux. D’abord, on
verra les transformations qui touchent tous les éléments du bataillon quelque
soit le type de fantassin dont il est composé, puis celles qui modifient leurs
utilisations à des niveaux supérieurs, comme le régiment mais surtout la
brigade.
1211) La constitution d’un bataillon
Avec le
retour d’une paix française, une réforme se met en place, mais elle devra être
modifiée suite à la Convention de Paris signée le 15 décembre 1808. Ce texte
qui limite les forces prussiennes fera que nous n’indiquerons que les forces
des bataillons après cette date.
a) Les bataillons de la
Ligne (schéma n°11)
La ligne se compose des
troupes de la Garde, des Grenadiers, des Fusiliers et des Mousquetaires. Les
unités des Corps Francs et de Landwehr seront étudiées à part en fin de ce
mémo.
La compagnie qui reste la
formation administrative de base pour ce qui concerne les soucis pécuniaires et
d’hommes se compose de deux pelotons. Elle dispose de 1 capitaine, 4 autres
officiers subordonnés ( lieutenants, sous lieutenants ou enseignes), 15 sous
officiers, 3 tambours (4 chez les Grenadiers) et 135 soldats soit un total de
158 hommes. Le front qu’à elle présentera sera donc de 45 files, soit 86 pieds
(ou 43 mètres environ) si elle est en ligne. En colonne par pelotons, il n’y
aura plus que 23 files (le capitaine est devant) pour le premier et 22 files
pour le second. Le front sera alors respectivement d’environ 11 et 10 mètres. La
disposition des troupes est indiquées par le schéma 11
Le bataillon se constitue
de 4 compagnies. On dispose alors en plus d’1 commandant, de 1 enseigne et 3
tambours. De plus, un capitaine est chargé de commander tous les troisièmes
rangs. Il est le seul capitaine à être monté. L’unité dispose alors de 22
officiers, 60 sous officiers, 13 tambours (17 chez les Grenadiers) , et 540
hommes de troupes soit un total de 637 hommes (641 pour les Grenadiers et la
Garde). En plus chaque bataillon dispose d’une compagnie de garnison composée
de 3 officiers, 9 sous officiers et 60 soldats et de 60 personnes, dont 40
chargées de l’intendance et des réparations et 20 de la Santé. Les bataillons
de Fusiliers remplacent les tambours par des clairons ou trompettes, et
disposent en plus de 3 tambours de bataillons. Les bataillons non légers
possédant chacun 1 drapeau porté par l’enseigne du bataillon. Ces étendards
sont différents suivais les unités de même catégorie, peuvent être d’un nouveau
ou ancien modèle. La disposition des troupes est montré par le schéma 11.
Les effectifs donnés ici
sont ceux de temps de paix. En temps de guerre, les compagnies de garnisons
sont intégrées dans les troupes combattantes. Les bataillons de Réserve et de
Remplacement tiendrons alors le rôle de la compagnie de garnison :
Un bataillon de
Réserve, ou Ersatzbataillon est constitué de troupes totalement instruites et encadrées par des
officiers soit de Réserve soit d’Active. Ils ont pour instructeurs et
entraîneurs les 20 hommes de dépôt que chaque compagnie a à sa disposition et
qui ne sont pas comptés ci-dessus. Nous les étudierons plus tard car ce sont
les fameux Krümpern
Un bataillon de
Remplacement, ou Erganzungbataillon est composé de recrues non encore formées aux
combats et qui sont à l’instruction. Celle ci pourra se faire dans le cadre de
sièges de forteresses ennemies
b)Les bataillons de
Jägern
Ils sont à 501 hommes car
ils n’ont pas de troisième rang mais présentent la même organisation que les
bataillons de Fusiliers. Cela fait qu’au lieu d’avoir 135 hommes, une
ccompagnie ne compte que 90 ! Enfin, ils doivent se ranger comme les autres et
en conséquence présentent le même front.
1212)Les formations
On
s’inspira du mode de manoeuvre français (le règlement de 1791 ). De plus, on ne
s’attachera plus de façon obsessionnelle au placement de la première compagnie.
De même, pour tous les changements de formation et de déplacement le pas
accéléré, soit 108 pas minute, est retenu. Le pas normal, 75 pas minute, est
réservé aux parades et aux situations particulières.
Un autre élément apparaît
aussi et vient non pas du fait de la confrontation avec les français, mais de l’analyse
des manoeuvres stratégiques est celui de l’entraînement généralisé, mais
toujours avec la notion de dégager une élite, des troupes aux formations en
ordre lâche d’où Le troisième rang. Cela aura un autre résultat, qui existe
aussi chez les Autrichiens, est que les troupes finiront pas combattre sur deux
rangs. Cependant contrairement à ces derniers, qui pour des raisons surtout
politiques évitaient de laisser leur troupes prendre des initiatives (ce qui
est vital pour ce type de combat) les tirailleurs prussiens se trouvaient
souvent en position alors que ceux de l’empereur François étaient formés en
ordre serrés sur les côtés de leurs compagnies. Quant à la méthode, elle
restera la même qu’avant 1806, car elle a montré que ce n’est QUE par la
faute des généraux que les troupes prussiennes ont perdues dans ce genre de
combat. D’ailleurs, les prussiens avaient aussi enregistré des succès dés
qu’ils étaient débarassés des carcans psycologiques (Altenzaun en 1806).
Les autres formations
utilisées par un bataillon prussien sont aux nombre de quatre sauf pour la
Landwehr :
La colonne de marche
La colonne par pelotons
la colonne par
compagnies sur le centre
La ligne
La colonne fermée
a) La colonne de marche
C’est la formation de
déplacement en dehors des zones de combats. Elle est identique à celle utilisée
avant 1806 avec la différence que les voitures des officiers sont supprimées et
remplacées par un cheval de remonte, en plus de l’éventuel cheval de monte pour
les officiers qui vont au combat à cheval (chef des tirailleurs du bataillon,
chef de bataillon et supérieur). En ce qui concerne les valets, ils sont
interdits pour les officiers ne combattant pas à cheval. Les autres possessions
sont interdites !
bLa colonne par pelotons
(schéma 13)
Elle est formée lorsque les
troupes arrivent en zone de bataille, c’est à dire à proximité d’un ennemi
reconnu ( environ deux kilomètres). Elle présente un front d’un peloton sur
seize de profondeur. Les espaces entre pelotons sont équivalent à la profondeur
d’un seul.
Cette formation est très
souple pour réaliser des changements de direction. En effet, n’étant pas
destinée au combat l’alignement en déplacement n ‘est pas une priorité. De
même, pour les changements de formations, les prussiens n’étant plus à cheval
sur le positionnement règlementaire, bien qu’ils ne le négligent pas. L’important
étant devenu la rapidité et l’efficacité, les pelotons manoeuvreront de façon à
optimiser l’efficacité.
Il existe deux exceptions à
cette liberté de placement .:
Celle due aux troupes, qui
sont de bases sur deux rangs
Celle causée par un ordre
de déploiement du troisième rang en tirailleurs pour des raisons diverses
(terrain,...).
c) La colonne par
compagnies sur le centre (schéma 13)
C’est la formation de base
appelée aussi colonne d’attaque. Elle est équivalente à la colonne
française d’ avant 1808.
Elle se forme sur les
quatrièmes et cinquièmes pelotons d’un bataillon soit sur l’avant (c’est à dire
par marche des pelotons5 à ) soit sur l’arrière (par marche des pelotons 1 à 4)
si la formation de départ est la ligne, les pelotons 4 et 5 restent en place et
les autres viennent se placer derrière. Le temps de mise en place est d’environ
une minute
Si la formation de départ
est la colonne de pelotons, le seul 4e peloton reste sur place, les 5 à 8
viennent se mettre sur la gauche par un quart de tour, un déplacement sur leur
gauche, puis un nouveau quart de tour, puis une marche en avant. Les trois
premiers, eux, se déplacent par un quart de tour suivie d ’une marche, soit
comme les pelotons 5 à 8, soit en cercle faisant que les pelotons voient leur
rangs inversés
NOTE : Lorsqu’ une unité s’est trouvée
rangée dans ordre autre que celui théorique, les instructions indiquent que le
bataillon ne cherchera à se replacer correctement que lorsqu’il se trouvera en
troisième ligne de brigade ou quand la situation de l’ennemi permettra ce
changement d’ordre. Cependant, les bataillons évolueront normalement mais les
compagnies auront un numéro adapté à leur position
d) La ligne (schéma 12)
C’est la formation que les
troupes de Landwehr ont ordre de ne pas utiliser, même elles le feront
(GrossBeeren) mais toujours avec peine et uniquement pour eviter les coups de
canons.
Elle se pratique, si l’on
provient de la colonne par pelotons comme dans les "temps anciens" ,
sauf que le placement est plus rapide et ne tient pas compte de l’ordre
numérique des pelotons.
Quand on la forme à partir
de la colonne d’attaque, le placement se fait soit en éventail complet , soit
en demi-éventail (schéma16) dans le cas d’un placement sur un extrême
e) La colonne fermée ou
carré plein (schéma 14)
Connue aussi sous le nom de
"Bataillonmasse" ou "Divisionmasse" chez les Autrichiens,
cette formation a pour but de se protéger de la cavalerie qui attaquerait aussi
bien de face, de côté ou de revers. Elle peut être formée trés rapidement, en
général moins d’ une minute.
La raison de cette rapidité
tient au fait que ce ne sont pas les troupes forment-les deux premiers
rangs--qui évoluent. Les troisièmes rangs comblent les espaces entre peloton se
formant ainsi sur deux rangs. Le schéma 17 montre ce placement. Il est
cependant important de noter que contrairement aux autres nations qui
pratiquent cette formation (Français, Autrichiens et Russes) l’unité n’est pas
un paquet d’hommes serrés les uns contre les autres et donc plus ou moins
désorganisée. En effet, comme le montre les écrits de spécialistes et témoins
oculaires(Général Thiebault, Maréchal Masséna,....), les Autrichiens étaient
devenus incapable de manoeuvrer sans au préalable reformer leur troupes. Les
Prussiens, eux, attaquaient dans cette formation déa lors que leurs tirailleurs
ou leurs Plankern ne se déployaient pas (Gross-Beeren).
Le gros problème de cette
formation est que si la cavalerie insistait ou que le moral des membres du
"carré plein" faiblissait les colonnes fermées ne résistaient pas
trés longtemps. D’ailleurs, chez les Prussiens, la théorie initiale précisait
que cette formation n’était destinée qu’à attendre la cavalerie amie qui
viendrait la dégager. Dans la pratique, à cause de l’utilisation de corps de
cavalerie chez les "Français", les pauvres secours montés prussiens
se retrouvaient à un contre cent, au moins psychologiquement et n’avaient
aucune utilitée. C’était d’ autres unités d’ infanterie qui venaient les
dégager.
13)La réforme de la Cavalerie
L’arme à
cheval a subit une catastrophe psychologique encore plus profonde que le reste
de l’armée. Avant la guerre; rappelons-le, elle était l’arme la plus prisée de
l’armée prussienne. Or, la campagne de 1806 va lui montrer comme quoi elle
n’était pas à la hauteur sauf pour courir ... au massacre !
La réduction drastique des
effectifs imposée par le Traité de Paris limitera le nombre total à 17
régiments plus 1 de Garde du Corps et 1 de Garde légère (en fait composé d’un
escadron de Garde-Husaren, un de Garde-Uhlanen, un de Garde-Dragonen et du
Normal-Eskadron), soit 77 escadrons alors que précédemment le nombre s’ élevait
à 255 !
Ensuite, la liquidation de
nombre d’officiers par les tribunaux ou des mises à la retraite, va être
complétée par une diminution des resources territoriales de recrutement (
cession de nombreux territoires au profit de la Saxe, de la Westphalie mais
surtout du Grand-duché de Varsovie)
De plus, le système des
Krümpern, va être aussi appliqué. Le nombre des troupes fonctionnant
parfaitement est donc assez limité car la formation d’ un cavalier prend deux à
trois plus de temps qu’ un fantassin, soit au minimum une année contre quatre à
six mois.
Enfin, la méthode de combat
de la cavalerie va être légèrement modifiée par le règlement du 20 avril 1810. C’est
lui que nous allons étudier après avoir vu les transformations dans
l’organisation.
Pour note, la
reconstruction de la cavalerie prussienne n’est pas terminée quand recommence
la guerre contre la France
131) La nouvelle organisation des régiments
(page cavalerie prussienne aprés 1808)
Comme pour
l’infanterie, les régiments sont maintenant définis en fonction de leur
province de recrutement. Cependant, comme les prussiens aiment bien les
exceptions, il existe 3 puis 4 régiments qui sont dans le Brandebourg, mais qui
ont un nom particulier. Il s’agit des "Gardes du Corps"
(cuirassiers), dragons de la Reine, du puis des 2 régiments des Hussards de la
Mort appelés plus couramment ‘Leibhusaren".
Note: A l’origine, les Leibhusaren ne
formaient qu’un seul régiment de 4 escadrons qui déjà dépassait les normes en
termes d’effectif. D’autres part, les demandes d’anciens membres de ce régiment
et de volontaires ont fait que les chefs prussiens ont d’abord pratiqué le
système des Krümpern puis ont carrément décidé de dédoubler cette unité, qui
peut être considérée à la fois comme une unité d’élite et mythique de l’armée
prussienne. Cela durera jusqu’ à la fin de l’empire allemand en 1918.
En théorie, chaque peloton
est constitué d’au moins 18 cavaliers rangés sur 9 files et 2 rangs. Chaque
rang est séparé par un pas de l’autre. Les files sont au contact par les
étriers.
Quatre pelotons forment un
escadron. Les 3 premiers disposent de 12 flankern (dont 2 carabiniers). Le
quatrième se constitue que de cavaliers sélectionnés (dont 6 carabiniers) et
sert de repère. Le mot carabinier indique que le mousquet est remplacé par une
carabine et implique obligatoirement d’ être rangé au deuxième rang. Le mot
"flankern" indique un rôle de reconnaissance. Le quatrième peloton
est toujours rangé sur la gauche. Un éventuel "guidon"(c’est
l’éventuel drapeau de cavalerie) sera placé sur la droite du troisième. Les
clairons sont toujours sur la droite de leur peloton. Le placement de chaque
peloton et d’un escadron est montré dans le schéma 18.
Un escadron devrait donc se
composer de 72 hommes. Dans la réalité l’ éffectif tourne plutôt autour de 122
militaires. Au niveau de la répartition, on a 1 capitaine, 1 lieutenant, 4
sous-lieutenants, 15 sous-officiers (3 pour chacun des trois premiers pelotons
et 5 pour le quatrième), 5 clairons ( dont 1 pour l’escadron) et 96 cavaliers. Jusqu’
en 1812, les escadrons de dragons et de cuirassiers disposent d’un guidon
chacun. Au début 1813, seul le premier escadron garde le sien et devient le
guidon régimentaire.
Si un escadron pour des
raisons quelconque venait à subir des pertes, les pelotons ne pouvant avoir
leur 9 files sont dissous et leur effectif versé dans un autre peloton . Mais
si l’escadron devait avoir moins de 36 files, 3 pelotons seulement sont formés
Comme avant, deux escadrons
forment une division, terme uniquement administratif, et deux divisions forment
un régiment En plus des effectifs ci-dessus, le régiment dispose d’un
lieutenant colonel et de son colonel. Le premier commande, quand le colonel est
présent, la deuxième division.
En plus, il existe un
escadron de dépôt ( qui n’est jamais mobilisable) par régiment. Son effectif
est indéterminé mais vraisemblablement constitué en théorie de personnel
administratif, car les conditions du Traité de Paris font que les prussiens ont
choisi un autre système de formation. Après 1814, des nouveaux gradés viendront
le créer dans sa réalité.
L’arrivée des Krümpern
est réglementée par la note du 7 février 1811. Elle se visualise de la façon
suivante :
3 recrues supplémentaires
par escadron tous les 4 mois sont levées mais non enregistrées sur les livres
d’effectifs. Elles sont vus comme des volontaires qui sont des civils voulant
apprendre à monter à cheval, à pratiquer l’escrime. Au bout de cette période,
ces recrues viennent remplacer pour un an celles qui étaient déjà en place et que
l’on met en disponibilité.
Ce système fait suite aux
différentes tentatives d’augmenter la cavalerie et qui avaient été découvertes
par les services français. Cela avait entraîné des mises en garde de Napoléon
au roi Frédéric-Guillaume. Il va permettre d’avoir à la fois des recrues qui
sont déjà "dégrossies" lorsqu’elles entrent officiellement dans
l’armée et de posséder une réserve prête. Pendant les "guerres de
Libération", ce système permettra de fabriquer les fameux régiments
nationaux et de pouvoir combler les pertes continuellement sans problême, du
moins pour ce qui est de la cavalerie de ligne(et dit
"nationale").D’autres part, il semble que des officiers d’active
fassent faire des "révisions" à ces Krümpern lors de manoeuvres soit
de façon indépendante soit au sein du régiment dont ils dépendent surtout dés
1812
132) L’évolution de la méthode de combat
1321) Au niveau stratégique et opérationnel
L’objectif
de la "nouvelle" cavalerie prussienne est toujours de défendre
l’infanterie contre une menace ennemie soit par des actions de reconnaissances
soit par des mouvements sur le champ de bataille. Dans ce dernier cas il peut y
avoir des actions agressives. Dans le règlement initial, il n’y a donc pas
d’évolution de ce point de vue là.
La campagne de 1812 va
faire surgir les éternels problèmes de cette utilisation, c’est à dire une
efficacité douteuse.
Avec la campagne du premier
semestre 1813, les chefs prussiens vont d’eux-mêmes modifier cette utilisation.
La première action sera de rassembler des unités de cavalerie dans des groupes
à vocation agressive (avant-garde, brigade de corps) . Elle ne sera appliquée
officiellement qu’après l’armistice et sera confirmée par un arrêté royal fin
1813 (avant Leipzig). Elle n’est pas encore strictement définie et donc la
répartition reste un peu au gré des chefs de corps.
Avec la victoire de 1814,
cette application devient la règle, sauf les demi-régiments affectés aux
brigades d’infanteries.Ce sont surtout des unités de Landwehr qui sont
divisées. Malgré cela, comme la cavalerie est toujours attachée à des corps
toutes armes, ce qui dans la pratique ne change que peut de chose. Elle n’
atteindra donc jamais pendant cette période l’ éfficacité stratégique de la
cavalerie française.
1322)Au niveau tactique
La
réduction des régiments à 4 escadrons de champs ne va amener aucune évolution
sur la manière de combattre d’un escadron ou dans ses évolutions. Par contre,
au niveau régiment, le quatrième escadron est en réserve de régiment. Le terme
de "réserve" ne doit pas être assimilé à derrière, mais plutôt au
sens que lui donne l’état-major français, c’est à dire que l’utilisation doit
s’adapter aux situations
a) Les Flankern et la
reconnaissance
Lorsqu’un escadron est
déployé en reconnaissance, ce sont surtout les "Flankern" qui se
mettent en ordre lâche. Les autres sont là pour les suivre, exploiter une
situation et confirmer l’occupation du terrain . Ce déploiement se fait suivant
le même principe que l’ infanterie, c’est à dire sur 3 lignes de profondeurs,
avec si possible le troisième peloton en première ligne. Entre chaque groupe de
deux cavaliers il y a 40 pas, soit environ 20 mètres.
Le second peloton est en
soutien, au centre du disositif, à une centaine de mètres derrière. Les deux
restants se placent environ cent mètres plus loin. Les trois derniers sont
toujours en colonne par pelotons et en ordre serré. Quand un régiment est
déployé ( ce fut extrêmement rare !) ce sont les escadrons centraux qui se
déploient (numéro 2 et 3 ) de la même manière.
Pour le fourrage, ou le
pillage, si on veut être plus clair, ce sont les flankern qui doivent s’en
charger seuls, du moins en théorie, car ils sont chargés aussi de cela.
Sur un champ de bataille,
les Flankern peuvent être utilisés seuls soit pour reconnaître le terrain
proche, servant ainsi de "Plankern" à l’unité, soit de tirailleurs
pour aller asticoter l’adversaire. Dans les faits, cette utilisation est très
réduite en raison du rôle de la cavalerie prussienne
Par contre , au fil des
années, la cavalerie prussienne se verra réduite à ce rôle en campagne, c’est à
dire une arme de reconnaissance. Par contre, pour les unités de
Landwehr-Kavallerie cette rigueur n’est pas encore imposée car déjà cette arme
à d’autres préoccupations plus importantes. Par exemple : manoeuvrer. Pour les
Freikorps, ce système s’imposera de lui même car l’encadrement est déjà formé
et même souvent les autres soldats montés.
b) Le combat en ordre
serré
C’est la chose qui est à
l’époque la méthode de combat principale, du moins pour la cavalerie de
bataille, de cette arme. Cependant, en raison de l’esprit régnant dans le
commandement prussien, et malgré les volontés d’hommes comme le Feldmarschall
Blücher, la cavalerie restera une arme de soutien ou de réserve.
Les manoeuvres de
déplacement ou de changement de formation restent les même qu’avant 1807 avec
seulement un élargissement des distances entre les genoux des cavaliers et la
reprise du pas accéléré comme pas de manoeuvre. Cependant, le règlement
institue de nouvelles colonnes inspirées de celles de l’infanterie qui vont
souvent restées sans suite car n’apportèrent rien voir compliquant la manoeuvre
(exemple : colonne sur le centre qui est une colonne de divisions par
pelotons).
Par contre la charge qui
garde les mêmes principes qu’auparavant avec une zone d’attaque plus grande,
sauf que l’attaque en ligne est supprimée :
a) la phase d’ attaque se
faisant au pas accéléré passe à 600-800 pas(soit environ 300 à 400 mètres, et
200 pas de plus qu’auparavant)
b) la phase de "fanfaro"
,soit la préparation commence à 220 pas (110 mètres), c’est à dire le trot
c)la phase de choc commence
toujours à 80 pas , c’est la phase de galop.
Il est important de savoir
que les régiments se rangent toujours en fonction de leur numéro dans l’ordre
et que le quatrième escadron d’un régiment est toujours en réserve avec pour
but soit d’exploiter une victoire soit de protéger la retraite de ces collègues
battus.
14)L’évolution de l’artillerie
Le 8 août
1808, elle subit une réorganisation totale. En effet, à l’issue de la campagne
1806-1807, ce fût la seule Arme à ne pas recevoir de blâme de la part de la
Commission de Réorganisation. Ses officiers dont l’inspecteur-général, le
Colonel Von Neander, restent en place et voient même leur pouvoirs renforcés
concernant l’instruction, et les besoins pour la mise en place des dépôts. De
plus, le roi va s’assurer que cette arme reçoive la priorité pour la
reconstruction. C’est de là que va partir un mouvement qui amènera l’artillerie
prussienne à un niveau inégalé lors des deux guerres de la fin du XIXe siècle
de celles du XXe siècle.
D’autre part, il ne faut
pas oublier que cette arme à cause des différentes et nombreuses défaites ,
dont Aüerstadt, et les prises de forteresses a perdu pratiquement tout son
matériel.
141)La réorganisation physique
Elle se met
en place dés le 8 août 1808. Elle concerne aussi l’artillerie de forteresse. Le
24 novembre 1808, elle reçoit son organisation définitive :
1) Constitution de 3
brigades régionales, une de Prusse orientale, une du Brandebourg et une de
Silésie. Il existe 6 compagnies de forteresse indépendantes--n’oublions pas que
suite au Traité de Paris, la Prusse perd nombre de forteresses importante
(exemple Breslau)--. En plus, il existe une demi-batterie basée à Colberg (le C
ou le K pour cette ville sont utilisés. Cependant, le K finira par prendre
toute la place d’écriture au cours du XIXe siècle parceque le C fait français
!).
2) Chaque compagnie à pied
dispose théoriquement de 5 officiers, 14 sous officiers, 20 bombardiers, 2
tambours et 96 (167 pour les batteries de 12) artilleurs. soit 137 (204 si
batterie de 12) hommes. Chaque compagnie à cheval remplace les tambours par des
trompettes et il y a 112 artilleurs au lieu des 96 soit 153 hommes. Les
artilleurs sont souvent et contrairement aux bombardiers et aux gradés que peu
d’instructions d’artillerie quant ils arrivent. Il l’acquièrent au fil des
campagnes. Enfin, chaque compagnie dispose en temps de paix de 132 chevaux.
3) Il n’a y a plus de
canons régimentaires. Ils n’ ont montré que problèmes et lourdeurs dans les
déplacements pour une éfficacité sur le champs de bataille douteuse.
1411) Les brigades d’artillerie de campagne
Elles se
composent à partir des anciens régiments d’artillerie et des unités provisoires
créées suite à la défaite. L’artillerie de la Garde sera constituée en décembre
1808 à partir d’unités de la Brandenburgische Artilleriebrigade. La
réorganisation n’ est terminée qu’en juin 1809 pour les deux premières et à l ‘Automne
1809 pour la troisième.
Pour leur composition, il y
a 7 batteries dont une à pied de 12, 3 à cheval et 4 de 6(3 pour les deux
premières) livres ayant chacune 6 canons et 2 obusiers (7 livres et 10 livres
pour celle de 12), exceptée la batterie de 12 silésienne qui dispose de 6
canons et de 4 obusiers de 10 jusqu’à la fin de la campagne de 1814. Une
compagnie d’ instruction de 8 obusiers et 60 chevaux complête l’ effectif
De plus, chacune pour son
ravitaillement dispose de 4 colonnes. Elles doivent cependant transporter les
munitions de l’infanterie
En août 1813, il y a 55
batteries plus 33 compagnies de forteresse et de blocus (l’effectif à été
augmenté ! ). On arrivera en avril 1814 aprés l’intégration des batteries de
Berg, de la Légion Russo-allemande et autres à 76 batteries(le nombre de
colonnes de ravitaillement atteind 1 pour deux batteries) :
Garde : 1 de 6, 1 de 12 et
2 à cheval
Prusse : 10 de 6, 1
d’obusiers de 7 et 6 de 12 et 5 à cheval
Brandebourg : 12 de 6, 1
d’obusiers de 7, 6 de 12 et 6 à cheval
Silésie : 8 de 6, 3
d’obusiers de 7, 6 de 12 et 7 à cheval
A cette dernière date,
l’effectif de l’Arme se monte à 24809 soldats(Jany,...)
142) La réorganisation de l’entraînement
D’abord
pour des raisons de coûts, puis par manque de chevaux, l’instruction se fera
compagnie d’artillerie par compagnie d’artillerie. De même, les artilleurs (à
différencier des bombardiers et des gradés instruits) sont sans instruction de
canonniers.
Cependant les choses
changent à partir du 17 mars 1813, sous l’impulsion de la commission pour
l’amélioration de l’artillerie , créée début 1807 et dirigée officiellement par
le Prince Auguste de Hohenzollern mais rééllement par le Colonel Von Pontamus
(à noter : le grade ! Même pas général). En effet, un plan d’instruction de
toutes les troupes d’artillerie fut mis en place afin d’en faire de véritables
artilleurs. Ce plan fixait des nouvelles méthodes d’instructions. Les soldats
suivaient des cours théoriques puis une application pratique dans des champs de
manoeuvres. Tous devaient les suivre, à certes des niveaux différents ,sans
exception. En fait, les prussiens se basèrent sur le système qu’avait créé
Frédéric II pour l’artillerie à cheval
En août 1810, l’artillerie
dispose de 223 officiers, 559 sous-officiers, 779 bombardiers et 2817
canonniers. De plus, elle dispose de 122 Spielleute ( littéralement
"hommes de jeux") qui semble t-il sont des instructeurs et 1737
permissionnaires ( Jany, ....). Contrairement aux autres armes, l’artillerie ne
dispose pas du système des Krümpern pour des raisons évidentes de compétences. Cependant,
les personnels ne pouvant être engagés pour causes de limites imposées sont
" priés" d’accompagner les "manoeuvres d’Eté" avec les
pièces de 3 obsolètes.
Cette hausse de qualité et la
possibilité de disposer de plus de canons font que des batteries dites de
réserve sont constituées. Elles ont cet attribut car elles disposent de
simplement moins de chevaux . En février 1813, il y en a deux pour la brigade
prussienne (dont une de 3), 4 pour la brandebourgeoise( dont une à cheval) et 8
pour la silésienne (dont une d’obusiers de 7 et une à cheval) .
La plus grande amélioration
est cependant celle des performances des matériels permettant ainsi d’avoir une
efficacité relative jusque 1600 pieds (1200 m), mais avec une efficacité
normale autour de 1200 pieds (900m). Le feu maximum devant se tirer autour de
500 pieds (375 m). Ces chiffres touchent la pièce de 6 livres qui est devenue
le canon de base de l’armée prussienne. En effet, auparavant il faut enlever
une cinquantaine de mètres au moins pour l’efficacité maximum. De plus, et
surtout la capacité de destruction est augmentée (D. Von Malachowski).
Le 12 livres devient l’
arme d’appui à long distance.
Cette évolution de l’entraînement
et du nombre de soldats réellement entraînés pour cette arme fera bondir l’
éfficacité, même s’il est vrai que certains n’avaient pas totalement fini leur
instruction. Cependant la qualité est nettement supérieure par rapport à celle
de 1806 dans tous les domaines.
Toutefois, en raison des
limitations et des contrôles des français jusqu’en 1812, l’instruction est
souvent moins complète que pour ceux qui servent dans l’arme chérie de
Napoléon, sauf pour l’artillerie à cheval. Ces faits sont notés par Jany (Geschichte
.... T. IV page 52) n’existe plus en 1815 (Jany quelques pages plus
loin...). L’artiilerie prussienne reste donc encore inférieure à celle des des
français
143) La réorganisation de la tactique
Avant 1812,
l’artillerie se voit attribuer un rôle identique aux précédentes périodes,
c’est à dire la protection de l’infanterie et de la cavalerie. Elle n’a pas
pour but de former des grandes batteries à l’instar des français ou des russes.
Ce n’est qu’ avec l’armistice de 1813 que les prussiens commencerons à en
constituer, mais de toutes façons jamais aussi systématiquement que les
français ! En plus, toutes les batteries prussiennes sont dispersées dans les
corps , qui eux les distribuent provisoirement entre leurs brigades . Nous
verrons cette utilisation lors de la tactique de brigade
15) La brigade de bataille (shémas 20 et 21)
151) La construction
Il est
d’abord important de savoir que ce terme de brigade n’est pas impropre et qu’à
il suit une certaine continuité historique. En effet, elle se compose
théoriquement de deux régiments d’une province avec le bataillon de grenadiers
inhérent à celle-ci. Cependant, les transformations de la structure des
sous-unités entraînent (l’arrivée des fusiliers) un grossissement de la masse
de troupe. En plus de cela la peur presque panique d’une réédition des charges
de cavalerie d’Aüerstädt va provoquer cette division des régiments de cette
arme dans les brigades de combat. Avec le soutien de l’artillerie et
l’affection de Jägern par demi-bataillon, on arrive à de grosses unités de
bataille. Citons la construction théorique (schéma 20 ):
Deux régiments d’infanterie
à trois bataillons chacun
Un bataillon de grenadiers
Eventuellement, un
demi-bataillon de Jägern
Trois régiments de
cavalerie
Une batterie à cheval
Une batterie à pied de six
livres
On a donc un total de sept
bataillons et demi accompagnés de deux batteries et de trois régiments de
cavalerie, soit environ 7000 hommes sans les troupes de la logistique.
En 1812, c’est une
structure trés lourde qui malgré les réformes du commandement d’ après 1808 la
rend difficilement gérable. La campagne de Russie montrera ces défauts. Ils
vont être corrigés au fur et à mesure .
Dés le début de 1813, les
notes de commentaires du Général Yorck envoyées au Haut-Commandement en 1812,
c’est à dire surtout Sharnhorst et Von Gneisenau, ont produit leurs effets. On
voit apparaître des sous unités : 1) La brigade d’infanterie
2) Une brigade de
cavalerie. (réserve de contre-attaque ou de soutien)
Avec les leçons tirées des
batailles (Lützen, Bautzen,...)de la campagne d’Hiver 1813, on voit une réforme
totale de la brigade de bataille. D’abord, la cavalerie de brigade se réduit à
un seul régiment. Les autres troupes montées sont rassemblées en brigades de
cavalerie indépendantes. Ensuite, l’artillerie se limite à une batterie
théorique. Enfin, il y a l’apparition de la Landwehr et des régiments de
réserve au niveau du champ de bataille des juin 1813. Pour les assimiler, il y
a un régiment de chaque type (ligne, réserve et Landwehr ) dans chaque unité
mais en deux brigades:
Une brigade d’infanterie
avec deux régiments d’infanterie, en général les meilleurs et la batterie
d’artillerie. Elle dépend directement du chef de brigade de bataille
Une brigade de réserve
constituée du dernier régiment d’infanterie et de la cavalerie avec certes un
commandemnt indépendant mais dont les élements sont à disposition du chef de
brigade de bataille
En 1814, après les
terribles effets des grandes batteries françaises les armes de soutien sont
retirées et attachées à des brigades d’armes au niveau du corps d’armée. C’est
lui qui distribue ces troupes mais, en principe, de façon réduite. En général,
au maximum une batterie d’artillerie à pied de six et deux escadrons de
cavalerie légère (schéma 21). C’est ce principe qui sera en vigueur dans les
faits pendant la campagne de Belgique. L’ idée est d’ avoir une réserve soit
pour exploiter une faiblesse, soit pour combler une deficience
152) Sa méthode de combat (shéma 20)
Cette
méthode de bataille recherche plusieurs objectifs:
1) Disposer de brigades
pouvant agir indépendemment, donc s’adapter aux circonstances. Cela afin
d’éviter une réédition des problèmes de 1806. En effet, à cette époque; comme
nous l’avons montré, l’armée est un bloc dont chaque élément dépend de l’autre.
L’autre demande est de permettre de rendre l’ armée plus rapide. Même si avant
1808, l’armée dispose de subdivisions, la tactique de combat et (surtout !)
l’esprit des officiers généraux ou non font que les forces prussiennes ne sont
qu’ un bloc lent.
2) Permettre d’avoir un
déploiement en profondeur de la brigade. Cela aussi bien pour se défendre que
pour attaquer. Cependant, ici l’objectif est d’avoir des réactions rapides.
3) Rendre la brigade
capable d’évoluer avec des effectifs variables.
1521) Le principe des trois lignes (shémas 20
et 21)
Ce principe
(le terme m’est personnel et n’est en rien officiel) n’est pratiquement qu’une
reprise des tactiques appliquées par les Français en particulier avant 1808 et
des structures obligatoire sous de Fréderic II. Il y a cependant une différence
notable : un rôle différent pour la première ligne.
1) La première ligne se
constitue des bataillons légers (fusiliers) des deux principaux régiments de la
brigade. Ce seront surtout des Fusiliern ou des Reservefusiliern. Les
Feldjagern, Schützen et autres Freiwiligen Jägern ont une place à part en
raison de leur équipement (carabines ou équivalents). Le schéma 15 montre que
se ne sont que des tiers de bataillons qui sont rééllement en position de tir. Par
contre, si les Fusiliern ne sont pas déploiés, ils forment deux bataillons en
ordre serré à la place des compagnie formé.
Son rôle est celui de
préparer l’ action de la deuxième ligne en éliminant les tirailleurs ennemis.
2) La deuxième ligne est
celle qui est destinée à enfoncer au corps à corps la ligne ennemie et à
occuper sa position. C’est ici que la tactique prussienne change le plus. En
effet, auparavant l’objectif depuis les "guerres en dentelles" était
de chasser l’ ennemi de sa position par le feu afin de pouvoir occuper sa place
mais en restant formé. Le temps n’était pas le principal problème. Avec la
réforme, la rapidité devient l’obsession. Certes des attaques par le feu sont
encore pratiquées mais elle sont rares et en général pour des brigades qui
soutiennent l’action principale ( brigade de Basse Silésie soutenant l’attaque
de la brigade du Brandebourg à Lützen)
3) La troisième ligne à
pour but de soutenir la seconde , d’où le placement des bataillons. Son rôle
n’est pas de combattre mais d’occuper le terrain pris et de servir de
protection à la deuxième ligne qui se reformera derrière elle. En cas d’échec
de l’attaque, son rôle est de servir de rempart de protection afin d’eviter des
exploitations qui dérangeraient le commandement prussien.
Cette troisième ligne se
compose des unités deuxième bataillon de mousquetaires du deuxième régiment et
du bataillon de grenadiers. Avec la mise en réserve des fantassins d’élite la
place restant libre n’est pas occupée pour une raison simple. Les Prussiens se
sont aperçus que les lignes en ordre serré des fusiliers se retrouvaient en
raison des évolutions du combat sur le même alignement que cette troisième
ligne. Ils vont donc déduire que ce sont eux qui vont servir de renfort. Cependant
au cours de nombre de bataille que les Prussiens livreront, ils pourront voir
que ce n’est pas toujours suffisant. Enfin pour les brigades évoluant avec
trois régiments d’infanterie, celui se place de façon à renforcer le front de
la brigade. Le schéma 21 n’ est qu’un exemple.
Pour conclure sur ce
système, les Prussiens ont essayé de réaliser une formation qui puissent agir
en toute circonstance et avec le maximun de sécurité pour chacun de ses
éléments. Il faut aussi ajouter que les placements que j’indique sont surtout
des références parce qu’ une liberté d’organisation est donnée et même
fortement recommandée par le Haut-Commandement prussien. Le but n’est plus la
beauté de la manoeuvre mais son efficacité. Par exemple des Landwehren
remplaceront à Gross-Beeren les Fusiliers (aussi dans le déploiement en ordre
lâche) occupés ailleurs ou gardés en réserve
2) La Landwehr, les Corps Francs et les troupes
de volontaires
Je ne
parlerais pas des Landsturmstruppen parce que leur rôle est plus symbolique
qu’autre chose.
21) Les Corps Francs et troupes de volontaires
Les Corps
Francs ne sont en aucun cas une invention de 1813 ! Il sont déjà utilisés pour
la petite guerre mais c’est leur utilisation qui sera nouvelle. Avec les
catastrophes du 14 octobre 1806, beaucoup de troupes de dépôt se retrouvent
sans but et sous le commandement d’ officiers obstinés ( Major Von Schill,
Major Von Manteuffel,...) . Elles vont continuer la lutte mais en partisans. Avec
" la guerre de libération" ces unités dont le plus célèbre est celui
du Major Von Lützow, leur rôle est de jouer les troubles fêtes dans les zones
contrôlées par les français. Selon l’ Instruction aux partisans prussiens
d’ août 1813, ces troupes ont ordre de ne pas combattre de troupes, de façon
rangée, qui lui sont supérieures en nombre, de prendre et de détruire tous les
dépôts ennemis, de developper l’insécurité dans les régions qu’ils traversent
etr qui sont ennemis. Concernant les lieux de repos, ils doivent être les plus
discrets possible. Enfin, ils ont le droit pour certains (il faut une
autorisation royale) de recruter.
Les troupes de volontaires
(Freiwilligen Jägern) sont des personnels volontaires mais desirant se
distinguer de la masse. Le roi va encourager ce mouvement en leur promettant
l’accés au grade d’ officiers et le choix du régiment. En contrepartie ils
devront financer leur équipement et surtout l’ armement. En général, il s’agit
d’armes personnelles et de bien meilleure qualité que celles des troupes de
lignes. Ces soldats sont regroupés en unités indépendantes sous le commandement
de sous-officiers et d’ officiers issus des troupes légères. Leur rôle sera de
combattre en tirailleurs en avant-garde et de se former sur le tas. Il y en
aura dans toutes les unités de ligne et de Landwehr y compris la cavalerie.
22) La Landwehr
La Landwehr
n’est pas non plus une nouvelle idée, mais c’ est la première application dans
les faits du principe de conscription généralisée ( tous en même temps) du
peuple prussien. Cependant, ce sera toujours pendant cette époque une troupe
trés mal équipée. Par exemple, les armes à feu seront surtout celles de prises.
L’ arme de base étant la pique, quelquefois peinte en fusil.
Le nom vient du fait que
c’est le Landtag (assemblée régionale) qui devait financer ces unités.
Elle est levée par le
décret royal du 17 mars 1813, même si la Prusse-orientale soulevée par le
général York l’ a levée le 5 février précédent
221) Le recrutement et l’organisation des
bataillons
2211) Le recrutement
Il se fait
suivant le principe de la Conscription telle qu’il l’ est encore en Allemagne,
ou en France jusqu’ au retour à une armée professionnelle voulue par le
Président Chirac. C’est à dire que tous les hommes de 17 à 40 ans sont recrutés
avec les exceptions habituelles (soutien de famille, remplacement, ...).
2212) L’organisation
Pour la
Landwehr, la formation des unités se fait au niveau du Kreis ( canton).
Pour l’infanterie
On constistue des
compagnies sous l’ordre de 5 officiers de réserve (un capitaine et quatre
lieutenants) et avec un tambour. Chacune se divise en 12 sections de 12 hommes,
venant si possible du même village,au moins sous le commandement d’un caporal. L’
effectif tourne, en théorie, entre 150 et 200 hommes.
Quatre compagnies forment
un bataillon auquel un tambour au moins et un officier sont rajoutés
L’effectif théorique d’un
bataillon se compose de 23 officiers, 60 sous-officiers, 4 chirurgiens, 13
musiciens, 728 soldats. Il y a en plus 88 hommes non armés formant le dépôt. L’effectif
de cette compagnie de réserve sera porté à 1 officier, 100 hommes et 1 musicien
en juin 1813, auquels on rajoutera 4 sous officiers en septembre de la même
année. Cependant avant 1815, dans les rapports militaires, les bataillons sont
référencés en fonction du nom du commandeur
Pour la cavalerie
La cavalerie forme des
pelotons de 8 cavaliers avec un caporal regroupés en 9 ou 12 escadrons
Pour l’escadron, à
l’effectif théorique, on dispose de 5 officiers, 12 sous-officiers, 2
trompettes, 1 chirurgien, 73 cavaliers,1 maréchal férrant. En dépôt, on a
d’abord 14 hommes puis en juin un nouvel escadron puis 1 officier, 2 sous
officiers, 1 trompète, et 50 hommes
En été 1813, les escadrons
sont rassemblés en régiments par 4 (théoriquement, il existe des exceptions Le
3 Kurmark Landwehr Kavallerieregiment n’en compte que 3) . L’infanterie forme
des régiments de 4 bataillons. Plus tard, la structure théorique passera à
trois bataillons avec un bataillon de réserve. La nomination des gradés est
assez originale pour un pays qui sous un régime autocratique. Les sous
officiers sont élus.Les officiers eux sont nommés. Les subalternes ( jusqu’au
rang de lieutenant) le sont par le Landtag et les autres par le roi. Du moins,
cela c’est pour la levée initiale . Dés l’été 1813 les chasseurs volontaires
(les fameux Freiwilligen Jägern) qui prendront le relai des officiers mal
considérés par leurs supérieurs.
Concernant les effectifs,
il est INDISPENSABLE de savoir que l’usure de ces unités en campagne est
beaucoup plus forte que dans les autres troupes. Les unités sont mal encadrées,
mal équipées, mal entrainées et trés vite les meilleurs éléments d’infanterie
sont rassemblés en bataillons qui formeront bientôt d’excellentes troupes,. Mais
le mal principal de la Landwehr, surtout pour les unités de Prusse-occidentale
(ayant de fortes proportions de polonais peu enclins à servir la Prusse) et de
Westphalie(qui ne veulent plus se battre après l’avoir fait pour les français)
et les unités abandonnées en campagne, sera la désertion qui fera des ravages.
Je rajouterais à ce tableau
peu flatteur que l’armement est trés hétéroclite parce que l’état prussien n’a
pas les moyens de sa politique. Les troupes seront d’abord équipées de piques
d’environ 2,70 mêtres, puis au fur et à mesure des récupérations, des
livraisons de fusils divers et variés. Cependant, le matériel sera surtout
dorigine française. En 1814, il n’y a plus de piques dans ces troupes
A noter qu’il y eu aussi un
bataillon de pionners de Landwehr, le Mansfeldpionnier Battaillon formé de
mineurs, forgerons, et autres employés des mines. Il est créé le 25 décembre
1813 dans la Ruhr
222)le rôle de la Landwehr
Durant la
période qui nous intéresse, la Landwehr a joué un rôle non négligeable d’abord
par son appoint numérique, environ 30% de l’effectif en 1813 et 15% en 1815,
mais aussi par le fait qu’elle a déchargé les Coalisés de charges lourdes
telles que les sièges ou les protections de convois.
Mais, à cause de son manque
de résistance (usure rapide des hommes) , de sa tendance à partir soit à
l’assaut précipitament, soit à se débander rapidement au moindre coup important
reçu, soit à déserter facilement, elle manquait de fiabilité militaire. Cela
est particulièrement vrai pour la cavalerie de Landwehr pour lequelle
l’Etat-Major prussien n’avait non seulement aucune estime mais avait une
certaine appréhension à l’utiliser. Par exemple, des 13369 hommes de Landwehr
présent dans le corps de York au moment de la rupture de l’armistice d’août
1813, seulement 2164 atteingnirent le Rhin en décembre. Il est aussi important
de signaler aussi que les troupes les plus résistantes (à l’exception de la
cavalerie) atteindront un niveau de qualité égal aux unités de ligne dans les
combats, pas dans la capacité de manoeuvre
Cependant, du point de vue
politique et pangermanique, elle a un rôle mythologique fondamental car elle va
symboliser un élan national surtout dirigé contre les Français. Aprés 1815,
elle va devenir la réserve de l’armée et sera entrainée comme telle.
223) L’utilisation de la Landwehr
Elle fut
utilisée pour remplir les tâches de surveillance des convois , de sièges et en
soutien des troupes de première ligne dans les brigades. Elle se plaçait
théoriquement en soutien et en prolongement de celles-ci. Elle fut, cependant
souvent engagé dans les combats en raison de sa volonté de se battre avec les
affreux Français même s’ils ressemblaient curieusement à des Bavarois, Saxons,
ou Wurtembourgeois.
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